La timide campagne de sensibilisation actuelle concernant la viande de cheval consommée dans les plats préparés est l’occasion de donner, à nouveau, un coup de projecteur sur les conditions d’élevage innommables des chevaux destinés à l’abattoir.
Mais en guise de préambule , débutons avec le paradoxe mis en avant par l’assocation Welfarm. Le saviez vous ? : « la France possède le 2e cheptel équin le plus important d'Europe elle exporte ses chevaux de boucherie par milliers vers le Japon, et la viande de cheval consommée dans l'hexagone provient en majorité de l'étranger !».
Justement, l’étranger, allons y. L’association Welfarm nous amène en Amérique du Sud, et plus précisément en Argentine. Ce pays abrite ce que l’association appelle des « champs de l’horreur » dans lesquels les chevaux subissent les pires traitements avant d’être abattus. Cette situation n’est pas nouvelle. Déjà en 2019 et 2020, les ONG Tierschutzbund Zürich et Animal Welfare Foundation (AWF) avaient alerté au moyen de vidéos aux images terrifiantes. L’on pouvait y voir des cadavres entassés, des bêtes faméliques agonisantes sur le sol souffrant de blessures non soignées.
Les associations, qui luttent depuis des années pour que de telles pratiquent cessent, entendent dénoncer tout un système et son opacité. En effet, la plupart du temps, il s’agit de chevaux volés, de chevaux de course qui ne servent plus ou de bêtes qui font l’objet d’un trafic aussi douteux que lucratif, .
La viande des équidés est ensuite exportée majoritairement vers l’Union Européenne. Welfarm met également en garde sur les injections dans la viande de substances médicamenteuses interdites en France comme la phénylbutazone, et qui finira dans les rayons de nos supermarchés.
La viande de cheval est importée de Belgique. Considéré comme une véritable plaque tournante, ce pays importe puis ré-exporte. Il arrive en tête avec 1 828 tonnes de viandes exportées vers la France, puis vient l’Argentine avec 1 073 tonnes et enfin l’Uruguay avec 1 823 tonnes par an.
L’argentine n’est pas le pays dans le collimateur des défenseurs des animaux. L’Uruguay, le Canada et l’Australie comptent aussi parmi les pays dans lesquels les chevaux subissent de véritables supplices.
En Australie précisément, les lanceurs d’alerte ont filmé dans l'abattoir de Meramist, le seul à exporter vers l'UE, « des chevaux arrivant déjà morts à l'abattoir, traînés par une corde hors d'un camion.» Selon nos sources, sur d'autres images tournées quelques mois auparavant dans ce même établissement, on pouvait voir des violences infligées aux chevaux : «des coups de bâton, des chocs électriques sur les parties génitales ainsi que des étourdissements ratés et répétés à multiples reprises conduisant à la mise à mort d'animaux encore conscients ».
Pour faire face aux nombreuses attaques des associations, les industriels du secteur ont crée un label certifiant qu’aucune maltraitance n’est infligée aux animaux. Le label « Repectful life » est coordonné par la Fédération belge de la viande (Febev) et « Les participants sont précisément les abattoirs de Lamar, Land-L (Argentine), Bouvry (Canada), Clay Meramist (Australie), c’est-à-dire les abattoirs où les ONG TSB et AWF filment les pires horreurs depuis huit ans », nous explique Adeline Colonat, directrice projet chez Welfarm.
La même Febev avait accepté que des contrôles surprises soient effectués dans les abattoirs mais la encore, Adeline Colonat regrette que les établissements contrôlés soient prévenus ! Comme en témoignent les divers contrôles effectués en 2019 dans l’abattoir de Land L près de Buenos Aires qui est passé pour exemplaire en montrant des chevaux bien nourris et en bonne santé. Mais Adeline Colonat de nous rappeler que « c’est ici même, en 2020, qu’ont été filmés deux chevaux gisant au sol, meurtris, ensanglantés, agonisant la nuit entière »
En France, les associations demandent aux acteurs de la grande distribution de renoncer à ces importations et à Bruxelles de les interdire. Toutefois, bien que reconnaissant des problèmes, Stella Kyriakides, la commissaire européenne en charge de la santé et de la protection des consommateurs, refuse d’interdire l’importantion de la viande de cheval en provenance d’Argentine.
De leurs côtes, certains acteurs de la grande distribution se sont déclarés prêts à arrêter de distribuer de la viande de cheval hors Union Européenne (et hors Belgique !) d’ici 2022. Un représentant de l’enseigne Système U explique : «On le fait pour des raisons de bien-être animal, notamment grâce aux alertes des ONG comme Welfarm ou L214. Mais de la même manière que l’on a sorti les œufs issus de poules en cage, ce n’est pas quelque chose qui peut se faire du jour au lendemain. On ne peut pas rompre des relations avec des fournisseurs de façon brutale et unilatérale. »
Terminons ce pénible article en rappelant que le marché de la viande de cheval en France est très étroit, à peine 9 % et en constante décroissance mais qu’il est suffisant pour engendrer une somme de souffrances terribles et humainement inacceptables.
Comme le rappelle Adeline Colonat « La viande chevaline produite dans ces 4 pays (Argentine, Uruguay, Canada, Australie) est une horreur".
Alors pourquoi ne pas décider de nous même d’y mettre un terme ?
Publié le 17/04/2021 20:01
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