Le moins que l’on puisse dire, c’est que le projet du fabriquant automobile américain Tesla de construire une gigafactory à Grünheide, à coté de Berlin, ne laisse personne indifférent. Depuis l’accord de construction donné en 2020 par les autorités régionales à Elon Munsk, le clivage entre opposants et partisans au projet est de plus en plus marqué.
Quand les uns voient une atteinte profonde à l’environnement et la destruction d’un cadre de vie paisible, d’autres discernent des opportunités économiques et financières non négligeables.
Dés l’annonce du projet, des mouvements écologistes se sont organisés pour faire obstacle à ce qui s’annonce être un des plus gros projets de construction industrielle en Allemagne depuis des décennies. Ils ont multiplié les recours en justice mettant en avant que la « super usine » allait entrainer la destruction de 90 hectares de forêts et risquaient de puiser de façon dramatique et dangereuse dans les ressources naturelles de la région.
D’un autre coté, les acteurs économiques se frottent les mains. Les opportunités en terme d’emplois et les retombées financières sont à la hauteur de la démesure du projet. Tesla table sur une production annuelle de 500.000 véhicules électriques, envisage d’implanter la plus grande usine de production de batterie du monde et prévoie d’embaucher 40 000 personnes.
Toutefois, il semblerait que les choses n’aillent pas tout à fait dans le sens de ce que souhaite Elon Musk. Rien ne va assez vite. Et il le fait savoir. Même s’il a entrepris de commencer la construction de son usine « à ses propres risques » moyennant cautions car n’ayant toujours pas reçu les autorisations, il ne comprend pas les lenteurs de la bureaucratie allemande. Il déclarait il y a peu : «Les obstacles dans le processus d'autorisation ralentissent la transformation industrielle». Et de rajouter : « En Allemagne, le cadre législatif pour les autorisations de projets industriels et d'infrastructure est en directe contradiction avec l'urgence de planifier et réaliser ces projets». N’hésitant pas à prendre les plus hautes instances du pays à parti, Elon Musk suggère au gouvernement allemand que son usine contribue à la lutte contre le réchauffement climatique en diminuant la pollution causée par les véhicules thermiques et en encourageant la mobilité électrique et de ce fait, participe grandement à aider l’Allemagne à atteindre ses objectifs climatiques. Des lors, pourquoi attendre encore si longtemps ?
Même si la justice allemande a rejeté certains recours déposés par les associations écologistes, l’horizon ne s’éclaircit pas vraiment pour le constructeur californien. En effet, un reportage diffusé le 16 mars, sur la chaîne de télévision ZDF a, de nouveau mis en lumière, un problème majeur qui accompagne le projet depuis son démarragage. Celui de l’eau. En plus d'entrainer une déforestation, l’usine consommera pour son fonctionnement de très grandes quantités d’eau dans une région connaissant déjà un stress hydrique notable. Ironie de la situation, cette asséchement de la région est imputable au réchauffement climatique contre lequel Elon Musk entend lutter avec ses voitures ! André Bäher, directeur de la régie communale de l’eau, précisait que « la consommation de l’usine dépasserait à partir de 2023 les capacités d’approvisionnement de la commune ».
Bien sur, la réaction d’Elon Musk ne s’est pas fait attendre et a tenu à se montrer rassurant en garantissant que son usine n’entrainera aucun problème d’eau. Dans le même temps, le ministère de l’environnement régional a reconnu que l’installation de Tesla « conduit à ce que les réserves locales arrivent à leurs limites et qu’indépendamment de cela, nous sommes tenus de considérer les besoins en eau à long terme pour les autres activités économiques et la population.» Rappelons que Tesla a annoncé une consommation annuelle maximale pour son usine de 1,4 million de mètres cubes d’eau, ce qui correspond aux besoins d’une ville de 40 000 habitants.
Au final, l’eau risque fort d’étre l’épine dans le projet d’Elon Musk. Point d’autant plus sensible qu’il est prévu, à court terme, un agrandissement pour accueillir l’usine de fabrication de batteries engendrant, par la même occasion, une consommation d’eau encore plus importante.
Elon Musk envisage déjà de recourir aux nappes phréatiques aux alentours…
Publié le 09/04/2021 11:35
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