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In vivo, in vitro, in silico...la juste déclinaison vers un arrêt des tests sur les animaux.

Méthodes alternatives de test. | Publié le 16/03/2021 14:38

Etudier les animaux est souvent indispensable pour comprendre l’origine des pathologies humaines et mettre au point de nouvelles thérapies.

Aujourd’hui encore, les chercheurs ne savent pas toujours comment répliquer la complexité du vivant pour certains sujets d’étude qui nécessitent l'observation d'interactions sophistiquées et fines entre organes. Pour autant, de nombreux facteurs, tels que le stress et les différences physiologiques entre l’animal et l’homme, sont susceptibles de fausser les résultats obtenus lors d’expérimentations effectués sur des animaux.

C’est en 1959 qu’une démarche éthique appliquée à l’expérimentation animale a vu le jour en Europe et en Amérique du Nord. Appelée communément la règle des 3R : Réduire – Raffiner – Remplacer.

  • Réduire le nombre d’animaux, et les répétitions inutiles,
  • Raffiner, autrement dit optimiser l’expérimentation en réduisant, supprimant ou soulageant l'inconfort, la douleur, la détresse ou l'angoisse subis par les animaux,
  • Remplacer, chaque fois que cela est possible le modèle in vivo par des modèles in vitro ou "in silico" (modèles mathématiques, bio-informatique). 

Il va sans dire que pour nous, le seul R vraiment valable est le R du remplacement. Et celui-ci tarde à venir...

Le développement des produits non testés sur les animaux est devenu un argument commercial pour les industriels. 

Sous la pression des consommateurs et des associations de défense des animaux, un premier amendement européen interdit les tests de produits finis sur les animaux. L'Union Européenne représente le plus grand marché au monde des cosmétiques et des soins. Pionnière au niveau mondial, l’Union Européenne, interdit en 2013 les tests sur les animaux pour cette industrie. L’Inde, Israël, et la Norvège ont fait de même l’année suivante. Puis en 2015, la Nouvelle-Zélande, l’Argentine, la Turquie, l’Etat de São Paulo, la Russie, la Corée du Sud, le Canada et Taïwan ont instauré de nouvelles lois et fait des propositions visant à bannir ces pratiques.

En 2016, la Cour de justice de l'Union Européenne interdit également l'importation de cosmétiques testés sur les animaux. Hors d'Europe, la majorité des pays développés suit cette orientation également.

L’utilisation de méthodes alternatives et la nécessité de leur développement fait consensus, que ce soit au sein de la sphère privée ou publique.

Les avancées scientifiques sur les méthodes substitutives à l’expérimentation animale pourraient sauver de nombreuses vies humaines et épargner des tortures et des souffrances inutiles à des millions d’animaux dans le monde. D’autant plus qu’il a été démontré que la recherche animale n’est pas utile puisqu’elle ne fournit pas des données pertinentes ni prédictives pour l’homme. Selon le Professeur Béquain : « Aucune espèce vivante ne peut être le modèle biologique d’une autre. Cette vérité scientifique est universellement admise : transposer les résultats d'une espèce sur une autre est une méthode empirique. Persévérer avec ce procédé revient à nier les progrès des sciences. »

Des progrès fulgurants sont apparus dans le domaine de la recherche sur les méthodes alternatives :

La méthode des cultures in vitro vient remplacer celle in vivo. L’expérimentation in vitro s’applique aux activités réalisées sur des cellules humaines cultivées préalablement en laboratoire. En effet, il est possible de réaliser des tests dans des conditions physiologiquement similaires qui permettent de pratiquer les investigations nécessaires et d’apporter des résultats plus précis que les tests sur les animaux vivants. Notamment en ce qui concerne les tissus oculaires, cutanés. Ce qui, d’ailleurs, a permis aux firmes cosmétiques de se passer d’un travail préalable sur l’animal. Elles comportent notamment la culture de cellules spécialisées, dites aussi « différenciées », comme celle d’un neurone  ou d’une cellule épidermique, mais également celle de cellules souches, dites «indifférenciées», elles peuvent généralement donner plusieurs types de cellules. 
Ces cultures de cellules permettent de créer des organoïdes, amas de cellules différenciées, qui s’organisent comme un mini-organe en ne reproduisant que certaines fonctions. Ces cultures en 3 D sont d’un grand intérêt pour la recherche car elles réagissent comme l’organe qu’elles imitent.

Le programme toxicologique et écotoxicologique Valitox permet de son coté de déceler l’éventuelle toxicité aiguë d’une substance sur des cellules humaines en culture et non plus sur les animaux. Ce programme utilise la technique de fluorescence qui crible de rayons lumineux des cellules humaines. Après de multiples manipulations, seules les cellules menacées réagissent en réfléchissant la lumière alors que les cellules saines l’absorbent. Cette méthode peut remplacer certains tests dans les domaines pharmaceutiques, cosmétiques, alimentaires, agrochimiques et des substances chimiques.

En 2008, la preuve du concept est enfin faite et la prédictivité est assurée avec succès puisque la fiabilité de Valitox est de 82% contre seulement 65% pour les tests sur les souris et 61 % sur les rats.

En 2020, le test cellulaire Valitox est validé scientifiquement comme méthode alternative pour prévoir la toxicité orale aiguë chez l’homme avec un taux de 69%. Pour comparaison, les tests animaux (rongeurs) présentent un taux bien plus faible, de 50 à 57%.

Pour exemple, l’industrie pharmaceutique, très règlementée, fait des tests de qualité sur les animaux autant pour les médicaments que pour les vaccins. Cette expérimentation est non seulement très couteuse mais nécessite également des temps de fabrication très longs. Pour chaque lot de vaccins issus des laboratoires, des contrôles qualité sont effectués sur 100 à 200 souris. L’alternative des tests In vitro permet de vérifier le taux d’antigènes grâce à des procédés chimiques et d’avoir des résultats plus précis.  De plus en plus de laboratoires préfèrent désormais utiliser cette méthode.

Cependant, il est bon de rappeler que les méthodes in vitro ne s’exonèrent pas de l’extraction de cellules animales pour la mise en culture des lignées cellulaires. Des tissus et des organes sont récupérés dans les abattoirs mais également du sérum de veau fœtal. Des alternatives, là aussi, tentent de voir le jour avec le Lysat plaquettaire humain issu de don de sang.

Par ailleurs, des chercheurs du laboratoire ECVAM ont mis au point 5 tests différents qui utilisent des cellules de sang humain pour déceler des substances qui provoqueraient des réactions potentiellement dangereuses dans les médicaments.

Enfin, l’avancé des recherches a permis de mettre en évidence la méthode In silico qui figure parmi les plus prometteuses. Grâce à la création de modèles informatiques pointus, les scientifiques espèrent simuler l'évolution d'une pathologie ou l'action d'une molécule. Cette méthode est particulièrement utile dans le milieu éducatif dans lequel les manipulations n’engendrent pas la mort d’un animal.

Aujourd'hui, il existe beaucoup d'alternatives pour éviter ces pratiques. Plus de 200 méthodes alternatives à la recherche internationale ont été développées et validées par l'OCDE (Organisation pour la Coopération et le Développement Economique). Parmi elles, figure notamment le microdosage (des êtres humains reçoivent de très faibles quantités d'une substance pour vérifier ses effets sur le corps au niveau cellulaire), également les techniques d'imagerie non invasive - comme les IRM et les rayons X. 

Selon la directrice générale de Kréatis (entreprise commercialisant des alternatives in silico aux modèles animaux) Carole Charmeau « si le modèle animal reste le "moins pire" quand il s'agit d'étudier le devenir d'une substance chimique dans un organisme entier, il faut garder en tête que les méthodes in vitro utilisent généralement des produits biologiques animaux tandis que la plupart des méthodes in silico se basent sur l'ensemble des résultats in vivo et in vitro disponibles dans la littérature pour développer des modèles prédictifs ».

A ce jour, il existe des plateformes et des réseaux constitués de chercheurs du monde entier qui réunissent des ensembles de données sur les méthodes alternatives en expérimentation animale. Ce qui permet à chacun, aux grandes entreprises et aux gouvernements de pouvoir consulter des données expérimentales afin de ne pas avoir à les reproduire.

Entre autres nous pouvons citer :

QSAR : (Quantitative structure-activity relationship) Il s’agit d’un procédé par lequel une structure chimique est corrélée avec un effet bien déterminé comme l'activité biologique ou la réactivité chimique. Ces techniques informatiques se basent sur les similarités d’expériences avec des substances existantes et sur notre connaissance de la biologie humaine. 

FRANCOPA : plateforme française pour le développement, la validation et la diffusion des méthodes alternatives en expérimentation animale. Son site internet très complet propose des dossiers d'information, une rubrique Questions fréquentes, un forum, un courrier d'information et des liens vers d'autres sites européens homologues.

JaCVAM : (Japan Animal Experiment Alternative Evaluation Center) La politique et la mission de JaCVAM sont de promouvoir les 3R dans l’expérimentation animale pour l’évaluation de la sécurité des produits chimiques et d’autres matériaux au Japon et d’établir des lignes directrices pour de nouvelles méthodes expérimentales alternatives grâce à la collaboration internationale.

OCDE : (Organisation de coopération et de développement économiques) Les Principes directeurs de cette organisation internationale pour les essais de produits chimiques sont une collection d’environ 150 méthodes d’essai les plus pertinentes approuvées au niveau international utilisées par les gouvernements, l’industrie et les laboratoires indépendants pour identifier et caractériser les dangers potentiels des produits chimiques.

KoCVAM : (Korean Center for the Validation of Alternative Methods) Sa mission est de formuler et promouvoir des politiques concernant le développement et l’adoption d’alternatives à l’expérimentation animale. Fournir de l’information sur les méthodes de tests alternatives et les programmes éducatifs pour l’industrie, le milieu universitaire et les instituts de recherche.
Coordonner le processus de validation et d’examen par les pairs des méthodes d’essai alternatives et proposer des méthodes d’essai validées à l’OCDE pour les lignes directrices d’essai. Et enfin mener des recherches en collaboration avec des établissements canadiens et étrangers.

ICCVAM : (Interagency Coordinating Commitee on Validation of Alternative Methods) Ce comité est composé de représentants de 17 agences fédérales américaines de réglementation et de recherche. Chacun de ces organismes de réglementation et de recherche exige, utilise, génère ou diffuse de l’information sur les essais toxicologiques et d’innocuité. L’ICCVAM facilite la collaboration internationale sur le développement de méthodes d’essai alternatives en adhérant à la Coopération internationale sur les méthodes d’essai alternatives.

ANTIOPES : Réseau Européen constitué de près de 300 chercheurs, répartis dans 11 organismes de recherche français. Il met en relation les différents centres de recherche et agit principalement dans le domaine de l’analyse systémique pour des applications en toxicologie prédictives en environnement santé. Il permet d’augmenter la connaissance sur les substances existantes et nouvelles, de confier à l’industrie la responsabilité de l’évaluation du risque pour l’utilisateur et enfin de diminuer l’expérimentation animale.

ANTIDOTE EUROPE est un Comité scientifique qui lutte contre l’expérimentation animale au motif du danger qu’elle représente selon lui pour la société. En particulier en matière de santé publique dans la mesure où il considère que les observations réalisées sur des animaux ne sont pas transposables aux sujets humains. Leur but est d’ignorer tout argument éthique pour se baser uniquement sur des arguments scientifiques prouvant l’inefficacité de l’expérimentation animale

Les grandes marques développent elles aussi des alternatives :

Le groupe L’Oréal (avec ses marques L’Oréal Paris, Maybelline et Lancôme), mène depuis plusieurs années des recherches sur la création de peau artificielle pour tester ses produits. Le géant français de la cosmétique possède un grand laboratoire à Lyon, où est fabriqué l’EpiSkin, un modèle d’épithélium humain reconstruit à partir de cellules cutanées incubées issues de résidus opératoires. Cette méthode alternative à la recherche animale, qui consiste à se servir d’une structure semblable à l’épiderme humain afin de mesurer l’irritation de la peau provoquée par les produits chimiques présents dans les cosmétiques. Garnier , vient d'être labelisée CRUELTY FREE par PETA.

Plus il y a de pays qui mettront fin aux tests sur les animaux, plus la pression va s’accroitre sur ceux qui tarderont à le faire. Vouloir tester sur des espèces animales des molécules destinées aux hommes est une aberration qui revient à nier la barrière fondamentale existante entre chaque espèce.

L’objectif final doit être le remplacement total des tests quels qu’ils soient sur les animaux vivants à des fins scientifiques et éducatives

Publié le 16/03/2021 14:38

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