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Élevage intensif: le défi environnemental du secteur porcin en Espagne.

Elevage intensif en Espagne. | Publié le 05/10/2021 10:00

Dans l’Union, la grande majorité des porcs sont élevés, détenus, puis abattus pour leur viande dans le cadre d’un système de production intensive qui pose de nombreux problèmes, notamment en matière de bien-être animal et de pollution.

Le secteur porcin revêt une importance incontestable pour l’économie espagnole, notamment dans le domaine rural, auquel appartiennent la plupart des 5 002 communes de moins de 1 000 habitants. Elle représente 14 % de la production finale agricole et 39 % de la production animale finale.

En effet, la production de viande a atteint environ 5 millions de tonnes en 2020 et plus de 56,4 millions d'animaux abattus. Ces chiffres records placent l’Espagne au quatrième rang mondial (derrière la Chine, les États-Unis et l’Allemagne) pour la production de viande et au troisième rang pour le nombre d’animaux abattus, et au deuxième rang des producteurs dans l’environnement européen (avec 21,8 % de la production).

Sa chaîne de valeur comprend de nombreuses activités directes liées à la production animale et à la fabrication d’aliments pour animaux (entreprises porcines), à la transformation (industrie de la viande porcine) et à la commercialisation en gros et en détail de viande et de produits manufacturés.

Production et structure du secteur en Espagne

Entre 2007 et 2020, l’Espagne a enregistré une augmentation de 46 % de la production porcine et de 26 % du nombre d’animaux sur la quasi-totalité du territoire. Cette hausse a coïncidé avec une baisse de la consommation nationale de 16,7 %, qui est passée de 81,9 % sur la production en 2007 à 46,7 % en 2020, bien que la consommation des ménages en période de confinement ait augmenté cette année, compensant ainsi la baisse de la consommation dans le secteur de la restauration.

Le marché extérieur a joué un rôle clé dans cette croissance:

  • D’une part, les exportations sur le territoire européen ont augmenté de 55 % depuis 2008, principalement vers la France (23 %), l’Italie (16 %) et le Portugal (13 %), représentant 23,6 % de la production en 2020.
  • D’autre part, les exportations hors Europe ont connu une augmentation considérable au cours de la période, pour atteindre 35,7 % de la production en 2020. Une part majeure de ces exportations est essentiellement destinée à la Chine. Elle a représenté 75 % des exportations totales de porc vers les pays tiers en 2020, contre 0,23 % en 2008.

 

Exportations espagnoles hors de l’Union européenne en 2020. Ministère de l’agriculture, de la pêche et de l’alimentation (MAPA).

Il convient de préciser que, malgré son utilisation croissante, le terme macrograin « n’apparaît dans aucune des dispositions en vigueur de l’ordre juridique espagnol ou de l’Union européenne ».

On peut se référer à l’élevage intensif ou à l’élevage industriel, s'entendant comme celui qui s’appuie sur l’intensification des facteurs de production (équipement, installation) pour maximiser la production et minimiser les coûts. Elle se caractérise également par une forte densité d’animaux et le contrôle d’aspects tels que l’alimentation ou la température pour accélérer les temps de reproduction, en tirant parti des avantages d’un système global tant dans la chaîne d’approvisionnement que dans la commercialisation.

Le nombre total d'élevages porcins en Espagne a diminué de 11 % depuis 2007 en raison de l’effondrement des petites exploitations, -51 % des petites exploitations et -25 % des exploitations du groupe 1. Toutefois, l’augmentation des plus grandes, représentées par les groupes 2 (25 %) et 3 (49 %), a permis de stimuler la production porcine pour atteindre 5 024 000 tonnes en 2020.

Cette année-là, 88 437 exploitations agricoles étaient comptabilisées, principalement en Galice (34 % du total national), en Estrémadure (15 %), en Andalousie (14 %) et en Castille-et-León (10 %). Ces régions, à l’exception de l’Andalousie, se caractérisent par un poids accru des installations de production intensives, qui, dans le cas de la Galice, atteignent la quasi-totalité.

Prise en compte du bien-être animal

Le bien-être physique et mental des porcs est compromis par des périodes de confinement en cage, des environnements monotones et des mutilations. La vie dans un environnement dépourvu de stimulations les empêche d’exprimer leur comportement naturel d’exploration (fouissement), ce qui peut être cause de frustration et favoriser les comportements dangereux. Ils souffrent également lors du transport et des opérations précédant l'abattage, qui peuvent être une source de stress intense. La législation européenne autorise toujours la détention des truies dans des enclos individuels entre le sevrage d’une portée et la fin de la quatrième semaine de la gestation suivante. Juste avant la mise bas, les truies sont déplacées dans une loge de mise bas, qui limite fortement leurs mouvements. Les truies d’élevage ont généralement deux portées de 10 à 12 porcelets par an. La mortalité des porcelets avant le sevrage varie fortement selon les exploitations et peut aller de 5 % à 35 %.

Bien que des règlements européens interdisent les mutilations systématiques, dans les principaux États membres producteurs de porcs, la plupart des porcelets sont soumis, de manière routinière, à des pratiques violentes. L'une de ces pratiques est la section partielle de la queue, censée empêcher la caudophagie (un comportement anormal qui résulte, entre autres, d’un environnement insuffisamment stimulant). Une autre est la castration des porcelets mâles pour éviter l’odeur de verrat, qui est l’odeur ou le goût désagréable que peut prendre la viande de porc (issue d’individus mâles adultes) une fois cuite. L'ablation systématique de la queue est interdite dans l’Union depuis 1994, mais la mise en œuvre et l’application de cette interdiction rencontrent encore des problèmes d’ampleur dans la plupart des États membres. À cela s’ajoutent de graves défaillances en ce qui concerne la fourniture d’enrichissements suffisants. Les auditions tenues par la Commission en Allemagne, aux Pays-Bas, en Italie, en Espagne et au Danemark entre 2016 et 2018 montrent que 95 % à 100 % des porcs subissent encore une caudectomie. Seuls deux États membres respectent effectivement l’interdiction (la Suède et la Finlande)

Impact environnemental de la production porcine

Jusqu’aux années 1980, l’impact environnemental de l’élevage intensif n’a pas été suffisamment pris en compte. Le défi majeur pour le secteur de la production porcine réside dans la nécessité de trouver un équilibre entre la réduction de ses effets négatifs sur l’environnement et la satisfaction des exigences croissantes en matière de bien-être, tout en préservant la rentabilité du secteur. La production intensive de viande porcine est liée à des enjeux environnementaux concernant principalement la pollution de l’eau et de l’air. La qualité et la composition des grandes quantités de fumier produites et la manière dont elles sont manipulées et éliminées déterminent dans une large mesure les niveaux d’émission d’éléments nocifs. Au niveau des exploitations, les conséquences environnementales négatives de l’élevage porcin intensif sont entre autres: la pollution des eaux de surface et des eaux souterraines par les nitrates (NO3 - ) et l’ammonium (NH4 + ); l’eutrophisation (croissance excessive des algues dans les écosystèmes aquatiques) causée par les rejets d’azote (N) et de phosphore (P); l’acidification causée principalement par les émissions d’ammoniac (NH3); la pollution de l’air, due en particulier à l’ammoniac et au protoxyde d’azote (N2O); les émissions de gaz à effet de serre (GES): principalement l’ammoniac et le protoxyde d’azote (N2O)

L’impact environnemental associé au secteur porcin affecte à la fois les exploitations intensives et extensives, bien que la concentration d’animaux dans le premier cas rende la production de fumier  nécessaire à un système spécifique de gestion des lixiviations (La lixiviation désigne dans le domaine de la chimie, de la pharmacie ou des sciences du sol, toutes les techniques d'extraction de produits solubles par un solvant, et notamment par l'eau circulant dans le sol ou dans un substrat contenant des produits toxiques - 1) et des déchets produits.

Les polluants suivants sont mis en évidence:

• Émissions d’ammoniaque : l’introduction de techniques de contrôle des émissions dans l’application d’engrais sur le terrain, l’amélioration de l’alimentation animale et les techniques de gestion ont permis de réduire ces émissions de 10 % en 2012 par rapport à 1990. À partir de 2013, on observe une augmentation associée à la croissance des huttes et une augmentation de l’utilisation d’engrais organiques (fumier) et inorganiques. Cependant, grâce à la réduction des engrais azotés inorganiques, ils se sont établis en 2019 à +1 % par rapport à 1990.

• Émissions de nitrates: le secteur de l’élevage était responsable en 2019 de 0,8 % de ces émissions, qui ont en tout cas diminué de -49 % depuis 1990.

• Émissions de gaz à effet de serre: 9,1 % de ces émissions proviennent de ce secteur en 2020,soit une augmentation de 0,8 % par rapport à 2019 en raison de la gestion du fumier et de la fermentation entérique.

• Biosécurité : la lutte contre la résistance aux antibiotiques est une priorité européenne, régie par le règlement (UE) nº 2016/429 du Parlement européen et du Conseil du 9 mars 2016. À cet égard, le MAPA a mis en œuvre un plan stratégique national de biosécurité dans les exploitations porcines (2015 et 2016).

Ces aspects sont régis par le  décret royal 306/2020 du 11 février, qui établit des règles de base d’organisation des élevages porcins intensifs, et modifie la réglementation de base de l’aménagement des exploitations porcines extensives. Parmi ses nouveautés, on peut citer :

  • l’établissement de conditions minimales de biosécurité, d’hygiène, de bien-être et de santé animale (article 4);
  • règles de gestion des fumiers (article 9);
  • la nécessité d’adopter les meilleures techniques disponibles pour réduire les émissions (articles 10 et 11);
  • et l’obligation d’adopter, à partir du 1er janvier 2022, un système intégré de gestion des exploitations d’élevage (SIGE) (quatrième disposition finale), comprenant un plan de gestion des déchets, un plan de gestion de l’environnement et de lutte contre le changement climatique et un plan de biosécurité.

En conclusion :

La production porcine en Espagne dépasse de loin la consommation nationale, s’orientant en grande partie vers l’exportation, principalement vers des pays tiers, ce qui peut entraîner une incertitude liée à la conjoncture de certains marchés internationaux (comme la Chine).

Par ailleurs, l’augmentation de la production enregistrée ces dernières années s’appuie sur une augmentation du nombre de grandes exploitations, l’élevage dit intensif étant stimulé.

Tout cela suscite un vif débat sur l’impact socio-économique et environnemental des plus grandes installations porcines en milieu rural. Les associations environnementales et d’élevage alertent sur les incidences sur l’environnement et les avantages locaux discutables d’exploitations hautement technologiques. 

Le décret royal 306/2020 réglemente les aspects les plus controversés concernant la gestion de ces installations. Leur respect dépendra de la réduction des impacts environnementaux ainsi que des réactions de l’opinion publique espagnole face aux exploitations à forte intensité porcine dans le pays.

1 - Wikipedia

Sources :

- Parlement Européen - Etude sur le secteur de la viande procine dans l'Union Européenne.

-  Mª Victoria Mestre Martinez - Technicien supérieur Environnement et développement durable, Conseil économique et social (Espagne)

 

Publié le 05/10/2021 10:00

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