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Madame Estelle Mollaret

Estelle Mollaret mène une carrière autour du bien être animal. Résidente en bien être animal, éthique et réglementation (ECAWBM) chez VetAgro Sup depuis plus de 2 ans, elle fut, avant cela, chargée du bien-être animal chez Welfarm et Chargée d'étude au bureau de santé animale à la DGA dépendant du Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation.

Ensemble, nous allons évoquer, bien évidemment, la condition animale en France et notre entretien abordera des thèmes aussi variés que le bien-être animal, l’éthique ou encore la réglementation.

  • Bonjour Madame Mollaret, nous vous remercions de nous accorder de votre temps pour répondre à nos questions et nous faire part de votre expertise. Avant d’entrer dans le vif du sujet, pourriez-vous nous parler du European College of Animal Welfare and Behavioral Medecine (ECAWBM) ? Quelles sont ses missions ? Ses champs d’activités ?

Bonjour, Je vous remercie pour cette prise de contact et je serai heureuse de répondre à vos questions.

L’European College of Animal Welfare and Behavioural Medicine (ECAWBM) est un organisme rassemblant des vétérinaires spécialisés dans la thématique du bien-être animal ou du comportement animal. Le collège rassemble des vétérinaires qui ont suivi un long programme de spécialisation dans l’une des deux branches du collège (comportement animal ou bien-être animal). La mission principale du collège est d’assurer de l’expertise dans ces domaines, aussi bien pour les propriétaires d’animaux que pour d’autres vétérinaires.  

  • Vous travaillez au sein de VetAgro Sup depuis 2019, en quoi consiste votre travail ?

Je travaille au sein de la Chaire bien-être animal depuis 2019 où j’ai la chance de pouvoir suivre un programme de spécialisation vétérinaire de l’ECAWBM. Cela s’appelle un résidanat. Je suis encadrée pour ce programme de spécialisation par Luc Mounier, qui est responsable de la chaire bien-être animal ainsi que directeur des formations et professeur en bien-être animal à Vetagro Sup. 

  • Quelle définition donneriez-vous au terme « bien-être animal » ? D’ailleurs, existe-t-il un « bien-être animal » commun à toutes les espèces ou diriez-vous qu’il diffère en fonction de l’espèce et de son environnement ?

La définition qui fait actuellement référence pour le bien-être animal est la définition qui a été donnée par l’Anses en 2018. Ainsi, le bien-être d’un animal est défini comme « l’état mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, ainsi que de ses attentes. Cet état varie en fonction de la perception de la situation par l’animal ». Cette définition peut être applicable à tous les animaux.

  • On veut donner une définition universelle au bien-être animal, pour autant, il m’apparait que cette définition revêt une dimension hautement culturelle. Le bien-être d’une vache en Inde est-il considéré de la même façon que le bien être d’une vache en France ? En d’autres termes, j’ai tendance à croire que le bien-être animal est, au fond, une notion arbitraire appréhendée en fonction de critères propres à l’homme (culturels, socio-économiques, religieux) et non en fonction de l’animal lui-même. Qu’en pensez vous ?

Les besoins d’une vache sont les mêmes qu’elle soit en Inde ou en Europe. Cependant, la façon d’appréhender ces besoins et l’importance donnée au bien-être animal peut varier en fonction des régions du monde. C’est pourquoi il est important d’avoir des indicateurs basés sur les animaux afin de pouvoir évaluer le bien-être animal de manière plus objective, ces indicateurs devant être indépendants de critères propres à l’évaluateur.

Il existe des protocoles d’évaluation, qui ont été élaborés par des spécialistes du domaine et qui permettent d’évaluer le bien-être animal. On peut prendre l’exemple du Welfare Quality©.

Il existe également de plus en plus de normes, au niveau européen du moins, qui permettent d’uniformiser les conditions d’élevage des animaux par exemple et d’obtenir des niveaux minimums de bientraitance des animaux.  

La prise en compte du bien-être animal est en perpétuelle évolution et dépend également des avancées scientifiques sur le sujet, mais aussi et surtout des attentes sociétales du pays concerné. Bien que les réflexions autour du bien-être animal soient anciennes et remontent à l’antiquité, les attentes sociétales réelles autour de cette question ont réellement augmenté en France, et plus globalement en Europe, et d’importants changements sont en cours. Il faut espérer que cette conscience de l’importance du bien-être animal se généralise rapidement.

  • Nombre d’animaux sont destinés à la boucherie. Abattage et bien-être sont-ils compatibles selon vous ? Ici encore, il semblerait que cette notion perde singulièrement de sa portée et j’ai conscience qu’on se heurte à des jugements de valeurs. Mais comment fait-on dans ces cas-là pour garantir le bien-être à un animal ? Ce terme, dans le cas présent, ne vous parait-il pas impropre et galvaudé ?

En abattoir, on ne parle pas de bien-être animal mais plutôt de protection animale. Plus précisément, il s’agit de mettre en place des mesures adaptées pour limiter au maximum le stress des animaux. Bien-sûr, le passage à l’abattoir reste un moment souvent stressant pour l’animal et dont l’issue est fatale.

L’abattoir est cependant un milieu très contrôlé, au niveau sanitaire, mais également au niveau de la protection animale. Les pratiques en abattoir sont bien encadrées au niveau européen et notamment par le règlement européen 1099/2009. Parmi les mesures imposées, on peut noter l’obligation de contrôles réguliers des aménagements et des pratiques.

En France, la loi EGALIM (Loi n°2018-938 du 30 octobre 2018) a introduit des mesures complémentaires pour une meilleure protection animale en abattoir, notamment la présence obligatoire à minima d’un responsable de la protection animale (RPA) dans chaque abattoir. Cette personne aura suivi une formation complémentaire sur la protection animale.

  • La vétérinaire que vous êtes, pense-t-elle que ces animaux savent, sentent ou comprennent – je ne sais pas quel terme convient-qu’ils s’avancent vers la mort ?

Il n’est pas possible dans l’état des connaissances actuelles, de savoir si les animaux comprennent qu’ils vont être abattus, même si un stress peut facilement se communiquer entre les animaux. En abattoir, de plus en plus de mesures sont prises, aussi bien dans la conception du bâtiment, que dans les pratiques et manipulations des animaux, pour minimiser le stress des animaux.

Je pense néanmoins que le transport et l’arrivée en abattoir représentent souvent un stress, pour des individus qui arrivent dans un milieu inconnu, parfois bruyant, avec de nouvelles odeurs et qui sont souvent en contact avec des individus inconnus provenant d’autres élevages. Selon moi, ce sont surtout ces points auxquels il faut prêter le plus d’attention.

  • S’agissant à présent des droits des animaux, diriez-vous qu’ils sont bien respectés en France ? Comment se situe-t-elle par rapport aux autres pays dans le monde ?

Selon moi, la France, et plus largement l’Europe, sont assez avancées en terme de protection animale et de compréhension du bien-être animal en comparaison avec d’autres pays, où la priorité se trouve parfois ailleurs.

Des progrès restent à faire et des améliorations sont en cours sur de nombreux points. Cependant, la question est souvent complexe et doit être mise en regard avec d’autres contraintes (économie, écologie, durabilité, échanges internationaux…).

  • La loi sur la maltraitance animale adoptée en Janvier 2021 vous semble-t-elle une bonne loi ? Y verriez-vous des lacunes ou de possibles axes de progrès ?

La proposition de loi sur la maltraitance animale prend selon moi la bonne direction.

Il reste plusieurs étapes avant la promulgation de la loi. La prochaine étape est le passage au Sénat, le 30 septembre et le 1er octobre 2021.

Il est toujours possible de voir certains axes d’amélioration, mais la proposition de loi n’aurait peut-être pas été amendée par les députés si elle avait proposé des changements trop ambitieux.

  • Quel regard portez-vous sur toutes ces ONG qui luttent dans le monde contre la maltraitance animale ? Selon vous, contribuent-elles à faire progresser la condition animale efficacement ou bien la portée de leurs actions cesse-t -elle lorsque l’émotion suscitée par les image s’arrête ?

Je pense que le travail des ONG permet de faire de réelles avancées dans le domaine du bien-être animal. Toutefois, il est important d’être nuancé car toutes les ONG n’ont pas les mêmes modes de fonctionnement. Certaines font un travail de fond solide pour permettre aux différentes normes de mieux prendre en compte le bien-être animal.

D’autres associations jouent parfois un rôle de lanceur d’alerte, grâce à la diffusion d’images par exemple, mais le problème est la généralisation qui peut parfois être faite à partir de ces situations particulières. Je pense que ces images marquent certains consommateurs sur le long terme et sont à l’origine de changements concernant certaines attentes sociétales sur le sujet.

  • A titre d’exemple, l’association L214 a récemment fait un reportage dans un abattoir de truies dans le Finistère montrant des images très dures d’animaux tourmentés. Ce même abattoir avait pourtant déjà fait l’objet de critiques similaires quelques années auparavant et les faits avaient été portés à la connaissance du ministre de l’époque. L 214 a donc décidé de porter plainte contre le gouvernement pour inaction. Vous avez travaillé en 2017 / 2018 au Ministère de l’Agriculture, pensez-vous que l’Etat porte parfois une part de responsabilité ? Qu’il manque de courage et tarde à légiférer ?

Je ne peux pas me prononcer sur ce cas précis car je n’ai pas assez d’informations sur celui-ci. De plus,  je travaillais au bureau de la santé animale au Ministère de l’Agriculture et non pas au bureau de la protection  animale.

Cependant, il est important de noter que l’Etat a déjà pris des mesures très fortes de fermeture d’abattoirs par le passé, suite à des non conformités majeures. De plus en plus d’actions sont prises pour renforcer la protection des animaux en abattoir. Lorsqu’un problème est détecté en abattoir, ou en  élevage, il est important de comprendre les tenants et les aboutissants et de travailler sur les causes qui ont pu mener à ce problème. La fermeture de l’abattoir n’est pas forcément la solution idéale, même en terme de protection animale, il peut être plus intéressant d’accompagner l’abattoir vers une amélioration. Par exemple, la fermeture de petits abattoirs qui permettaient un abattage au niveau  local, peut conduire les animaux à devoir subir des transports beaucoup plus longs pour rejoindre un autre abattoir parfois à l’autre bout de la France.

  • Quelle définition donneriez-vous au terme « éthique animale » ?

L’éthique animale est l’étude de la responsabilité morale des êtres humains vis-à-vis des animaux.

Nous voila rendus au terme de notre entretien, Madame Mollaret. Il ne reste plus qu'à vous remercier une fois de plus en espérant vous retrouver prochainement sur notre journal.

 

Publié le 03/10/2021 10:08

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