
Le Groupe Bayer a racheté la société américaine Monsanto en 2018 pour 63 millions de dollars. Pas certain que ce fut une bonne affaire.
Le produit phare de la société Monsanto, le Roundup, génère de la colère dans de nombreux pays et fait l’objet de procès intentés par une quantité importante de ses utilisateurs. Rien qu’aux Etats-Unis, on dénombrait 60 000 plaintes en 2020.
Ce puissant herbicide utilise un composant qui est soupconé de provoquer des cancers : le glyphosate.
C’est ce que Mr Edwin Hardeman a déclaré lorsqu’il a porté plainte contre Monsanto devant un tribunal de Californie. Cet agriculteur a utilisé ce produit pendant prés de 25 ans. Lorsqu’il a été diagnostiqué avec un cancer en 2015, il n’a fait aucun doute pour lui que l’utilisation répétée du Roundup était la cause de sa maladie. Après une premier victoire en 2019, il vient de voir le recours intenté par le Groupe Bayer rejeté vendredi dernier. La Cour d’Appel de San Francisco lui a donné raison et a condamné Bayer à lui verser la somme de 25 millions de dollars au titre de dommages et intérêts.
Partout dans le monde, Monsanto fait l’objet d’attaques virulentes. Il est reproché, entre autres, à la société d’avoir très largement minimisé les effets du glyphosate sur la santé. La société rappelle à qui veut l’entendre qu'aucune étude n'avait conclu à la dangerosité du glyphosate et du Roundup depuis qu'il a été mis sur le marché dans les années 70.
Mais le glyphosate n’est pas le seul desherbant a causé tant d’ennuis à Bayer. Il y a aussi le Dicamba. Tout aussi puissant et dangereux, cet herbicide produit par Monsanto et BASF, a tendance à s’envoler au-delà des champs sur lesquels il est pulvérisé, tuant tout sur son passage. L’utilisation de ce produit, censé lutter contre des mauvaises herbes de plus en plus résistantes aux produits chimiques, semble avoir été autorisée trop rapidement. En février 2020, un tribunal américain condamne Bayer et BASF à payer le somme de 265 millions de dollars à un agriculteur de Missouri. Il avait porté plainte contre le dicamba en accusant cet herbicide d’avoir détruit ses vergers de pêches.
Certes, ces deux herbicides coûtent beaucoup d’argent en indemnités au Groupe Bayer mais est ce vraiment suffisant pour faire trembler ce géant de l’agrochimie ? A coté des annonces de quelques procès gagnés, qu’en est-il de tout ceux qui sont en attente et qui n’aboutiront probablement jamais ? Comment un agriculteur qui est exposé tout au long de sa vie professionelle à tant de produits chimiques, peut il apporter la preuve que ses ennuis de santé sont liés à tel ou tel produit ? C’est une démarche bien compliquée et qui prend beaucoup de temps. Difficile de ne pas se décourager. Comme le rappelle en France, Antoine Lambert, président de l’association Phyto-Victimes, qui vient en aide aux victimes de produits phytosanitaires à recevoir une indemnisation : «C’est une bataille d’experts. D’un côté, on a une victime avec un problème de santé et de l’autre un mastodonte qui a juste à attendre que le temps passe. On ne joue pas dans la même cour». Et de rajouter : « Certes Monsanto paye une certaine somme d’argent. Mais que représentent quelques millions de dollars pour ce géant ? Le risque financier est peu élevé. »
La solution viendra peut être des opinions publiques et des ONG. Aux Etats-Unis comme en France, le public est désormais sensibilisé aux dangers que font courir les pesticides. Et en ces temps de lutte pour un meilleur environnement où chacun est exhorté à l’éco-responsabilité, la pression exercée sur Bayer pourrait s'avérer plus difficile à supporter que des petits arrangements financiers pour éteindre quelques incendies ou quelques procès perdus.
Publié le 15/05/2021 17:29
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