
La centrale nucléaire de Tchernobyl fait à nouveau parler d’elle.
35 ans après l’explosion du réacteur numéro 4 de la centrale située à une centaine de kilomètres de Kiev libérant dans l’atmosphère des quantités gigantesques d’éléments radioactifs, il semblerait qu’une activité radioactive anormale ait été à nouveau détectée.
L’incrustation ci-dessus montre le dispositif de confinement du réacteur éventré qui a été placé en novembre 2016 ; soit 20 ans après la catastrophe. Cette structure métallique en forme d’arche, qui mesure 108 mètres de haut, 162 mètres de large pour une portée de 257 mètres, recouvre la zone accidentée. Elle a pour but de permettre le démentalement de la centrale. Une opération qui devrait prendre plusieurs décennies.
Aujourd’hui, les scientifiques en charge de la surveillance de la centrale sont inquiets. Ils ont, en effet, rapporté qu’un taux anormal de neutrons est émis au sein du sarcophage. Les capteurs ont enregistré un taux 40% supérieur à ce qu’il était en 2016. Cette activité est d’autant plus inquiétante qu’il est impossible de rechercher les causes de cette augmentation. Le bâtiment est condamné et les scientifiques ne peuvent, à ce stade, qu’emettre des suggestions.
Le scientifique Igor Le Bars de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a suggéré que l’activité anormale pourrait avoir été engendrée par une infiltration d’eau au sein du réacteur. Il a déclaré récemment : « L’eau, sur les neutrons, va avoir la capacité de modifier leur énergie et facilite tous ces phénomènes de multiplication. C’est pour ça que l’une des questions qui se posent aujourd’hui est de savoir s’il y a des variations de l’humidité qui font que cette capacité de multiplication des neutrons augmente ou pas ».
Certains scientiques se veulent rassurants quant à un possible risque d’explosion. Ils concèdent néanmoins que l’accélaration de l’activité des neutrons va poser un problème. C’est ce qu’a expliqué Jean-Christophe Gariel, directeur adjoint de l’IRSN : « En tout état de cause, on ne craint pas une explosion qui dégraderait les structures de ce qu’il reste de la centrale et notamment du sarcophage. Par contre, il est évident que ce phénomène, s’il correspond effectivement à une reprise de la réaction nucléaire, rendra encore plus difficile et complexe les opérations de démantèlement, car le niveau d’irradiation sera encore plus élevé ».
D’autres en revanche sont moins catégoriques. A l’image de Maxim Saveliev, chercheur à l'Institut des problèmes de sécurité des centrales nucléaires de Kiev en Ukraine, pour lequel il existe « de nombreuses incertitudes quant à la situation à l'intérieur des restes du réacteur et que nous ne pouvons pas exclure la possibilité d'un accident ». Pire encore, un chimiste spécialiste des matériaux nucléaires, a déclaré que la situation à l'intérieur du hall du réacteur est « semblable aux braises dans une fosse de barbecue ».
Décidément entre scénario catastrophe et sérénité affichée , il est toujours aussi compliqué de savoir ce qui se passe exactement à Tchernobyl. Souhaitons, cette fois ci, que les autorités ukrainiennes se montrent pro actives en renforçant leurs dispositifs de sécurité face à un combustible d’uranium encore imprévisible et inquiétant.
Publié le 29/05/2021 10:36
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