«Nous ne pouvons simplement pas nous permettre une autre décennie de délibérations face à la perspective d'un avenir apocalyptique. » «Même si nous faisions tout ce que nous avons promis de faire à Paris, la température de la Terre grimperait quand même d'environ 3,7 degrés et nous ne le faisons même pas».
La première déclaration est de Mr Alok Sharma, le président de la COP26, et la seconde est de Mr John Kerry, émissaire américain aux affaires climatiques.
C’est dans ce contexte d’urgence que Mr. John Kerry a effectué ses déplacements ce mercredi afin de présenter le nouveau plan de l’administration Biden. Le nouveau Président américain avait promis de prendre le contrepied de son prédécesseur. Il avait fait du retour de son pays dans l’Accord de Paris une promesse de campagne. Promesse qu’il tient et c’est John Kerry, qui est en charge de dévoiler des mesures fortes.
Lors de son discours à Pittsburgh ce mercredi, Le Président Biden a dévoilé un plan à 2 000 milliards de dollars qui seront consacrés à la relance économique de son pays, à la rénovation des infrastructures ainsi qu’à la lutte contre le réchauffement climatique. "C'est audacieux ! Et nous pouvons le faire !", a-t-il déclaré avec détermination.
Le caractère urgent et alarmiste des déclarations de John Kerry et Alok Sharma font écho au « coup de gueule » de Mr Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unis. En effet, il y a deux mois, nous rapportions dans notre article en date du 27 février 2021 – L’ONU voit rouge – l’inquiétude et la déception du secrétaire général en constatant les maigres résultats des pays signataires de l’Accord de Paris dans leurs efforts à mettre en pratique les mesures visant à contenir la hausse des températures.
De leurs côtés, les Etats Unis entendent jouer, cette fois ci, un rôle majeur. Mr Kerry a promis que les engagements seront ambitieux. "Dans quelques semaines, lors de notre sommet, nous allons annoncer notre NDC (contribution déterminée au niveau national) et elle sera robuste", a assuré M. Kerry lors de la réunion, Sommet Net Zero, organisée par l'Agence internationale de l'énergie (AIE) et la présidence de la COP26.
A n’en pas douter, le prochain sommet environnemental que prépare Joe Biden le 22 avril prochain aux Etats-Unis, en attendant la 26e conférence de l'ONU sur le climat (COP26) qui se tiendra à Glasgow en novembre, se fera sous l’égide de la détermination à frapper vite et fort. John Kerry en donne d’ores et déjà le ton et la mesure : "Nous allons réduire nos émissions, nous allons accélérer d'une manière très significative, donc ce ne sont pas juste des belles paroles de la part des États-Unis" a-t-il prévenu.
Voila un discours qui devrait rassurer Mr Guterres. Le couple Biden / Kerry pourrait donner une impulsion nouvelle et salutaire dans l’engagement des nations à faire davantage. John Kerry a même exhorté les pays "à faire beaucoup plus" en affichant son inquiétude : "si on regarde la courbe sur laquelle nous nous trouvons, nous nous dirigeons en réalité vers plus de 4 degrés de réchauffement. "
En filigrane, on perçoit le message qui se cache en partie derriere ce méga plan et on retrouve bien le penchant naturel des Etats Unis à vouloir prendre le leadership dans de nombreux domaines. A chaque époque sa rivalité géopolitique. La guerre froide n’est plus. La Russie a cédé sa place. Et même si la Chine a annoncé avoir 10 ans de retard puisqu’elle prévoit une neutralité carbone à horizon 2060, les 2 000 milliards de Joe Biden sont bien la pour montrer à Péking que, tant en matière économique que climatique, le combat va être rude.
Mais après tout qu’importe si, en l’occurrence, c’est le climat qui en ressort vainqueur.
Publié le 01/04/2021 10:52
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