PCH : Pacific Coast Highway. Pour celui ou celle qui a eu l’occasion d’emprunter cette route autant impressionnante que mythique pour rallier San Francisco à Los Angeles en garde forcément un souvenir impérissable. Elle est inscrite au registre des « American Scenic Byways » depuis 1998 et à celui des « All American Road » depuis 2002. A flanc de colline, coincée entre la roche et l’océan pacifique, elle offre 1000 kilomètres de beauté naturelle, de vues a couper le souffle, de décors aux couleurs changeantes au grès de la journée ou du climat. Rien d’étonnant, dès lors, que le cinéma l’ait immortalisée, que tous les riders de la terre ont rêvé de la descendre (coté pacifique bien sur !), qu’elle fasse partie de l’incontournable attraction touristique ou que chaque Américain saisisse la moindre occasion pour respirer à pleins poumons l’air du rêve californien. Il y a tant de merveilles à voir et d’expériences à vivre le long de cette bande de terre avant d’arriver à Los Angeles : Monterey et son immense aquarium, Carmel by the sea et sa qualité de vie hors du temps, Big Sur et ses sites sauvages, les célébrissimes Santa Barbara et Malibu, et bien d’autres encore. Une enfilade d’eau aux multiples reflets, de magnifiques plages, de virages longés par des roches abruptes et une montagne inquiétante ou chaque visiteur se prend à rêver de liberté, se sent submergé d’émotions qui le transporte hors du temps, et sentirait presque sur lui le regard d’une caméra hollywoodienne pour devenir, le temps d’un instant, l’acteur d’une scène envoutante.
Mais le rêve pourrait bien tourner au cauchemar. Les assauts furieux de la nature sont en train d’abimer dangereusement le mythe et il y a de fortes probabilités que les générations à venir ne connaissent pas cette route, en tous cas plus sous sa forme actuelle.
Il y a quelques jours, un nouveau bloc de route vient de tomber dans l’océan. Ce qui fait craindre aux experts en géologie que les jours de la California State Route 1 ne soient comptés. Bien sur, la route subit fréquemment des dommages mais cette fois ci , le segment qui s’est décroché était particulièrement volumineux et les dégâts occasionnés de plus en plus sévères.
Il est difficile d’attribuer ce phénomène seul au changement climatique. En effet, la route est un véritable cauchemar géologique. Sa situation, même, la rend vulnérable et l’expose à toutes sortes de phénomènes naturels, spécialement dans une région du monde sujette à une fréquente activité sismique en raison de deux plaques tectoniques qui se rejoignent à cet endroit. Cependant, il est évident que les catastrophes naturelles fréquentes et de plus en plus violentes que connait la Californie depuis quelques années, et qui sont, à coup sur, induites par le changement climatique, sont la cause de la destruction de cette route. Selon un expert en géologie mandaté par le gouvernement, ces phénomènes vont s’accélérer. La cause ? La hausse des températures.
La Californie a été la scène, ces derniers temps, de gigantesques incendies meurtriers qui ont ravagé des millions d’hectares de forets, ainsi que de pluies diluviennes. L’année 2020 a battu le record du plus grand nombre d’incendies de l’histoire de la Californie. Ces incendies laissent des sols ravagés faisant apparaitre des cicatrices béantes dans lesquelles viennent s’engouffrer les déferlements d’eau des orages toujours plus violents. Il n’y a plus aucun arbre ni aucune végétation pour solidifier les sols. Tout ceci est la combinaison parfaite pour favoriser l’érosion des sols et déclencher des glissements de terrain meurtriers et destructeurs. Daniel Swain, expert du climat à UCLA, insiste sur le fait que toutes les conditions atmosphériques sont réunies pour assister à l’intensification de ces phénomènes :
“There's a lot of evidence that atmospheric rivers will become more intense as the climate warms," declare Swain. “While we may not see more atmospheric rivers overall, the ones that cause problems will become stronger, and there will be more major storms. Made visible by clouds, the ribbons of water vapor known as atmospheric rivers extend thousands of miles from the tropics to the western U.S. They provide the fuel for the massive rain, snowstorms and subsequent floods along the U.S. West Coast.”
Si l’on en croit Mr Swain : » Le changement climatique va certainement s’aggraver et forcément accélerer la fréquence des fortes pluies et des Incendies hors normes. Ce qui va rajouter une couche d’inquiétude pour une route déjà bien vulnérable. »
Alors que faire ? Quel avenir pour la Highway 1 ? Allons nous assister à sa lente agonie et la regarder emporter avec elle, morceau après morceau, les rêves et la magie au fond du Pacifique ?
Pas tout de suite semblerait-il.
Des solutions existent. Certaines ont déjà été mises en place comme au sud de San Francisco ou un tunnel a été construit au-dessus d’une portion de route afin de la protéger des éboulements fréquents.
La California Coastal Commission planche sur d’autres moyens de préserver la PCH et de la garder praticable. Les ingénieurs devront faire montre de beaucoup de créativité et d’innovations pour mettre au point des solutions adaptées au site. Et nul besoin de dire que les couts vont être exorbitants. Mais cela sera certainement possible. Pour un temps. Ainsi la PCH continuera d’exister. Plus sous sa forme actuelle bien sur.
Espérons que les ingénieurs feront en sorte que ceux qui emprunteront cette route mythique à l’avenir pourront y retrouver les sensations du passé car, même avec des tunnels et des protections, même si d’autres routes existent pour aller du nord au sud de la Californie, nous préférerons toujours gouter au mythe et voler un morceau de rêve.
Jusqu’ au jour où le rêve restera un rêve car tout l’argent du monde et toutes les réparations successives n’empêcheront pas l’inévitable.
Publié le 03/03/2021 11:40
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