L’administration Biden a annoncé mardi de nouvelles règles pour limiter les émissions de méthane provenant des forages pétroliers et gaziers ainsi que des actions visant à protéger les forêts à l’échelle mondiale, dans le cadre d’une série de mesures dévoilées par la Maison Blanche alors que le président Joe Biden apparaît au sommet des Nations Unies sur le climat COP26 en Écosse.
Dans le cadre du plan du Président Biden visant à réduire les émissions de méthane, une nouvelle mesure émanant de l’Agence de Protection de l’Environnement (EPA) élargira et renforcera celles déja éxistantes visant à réglementer la détection et la réparation des fuites pour l’industrie pétrolière et gazière. La règle suit un décret signé par Biden le premier jour de son mandat.
« C’est l’un des gaz à effet de serre les plus puissants qui soit », a déclaré M. Biden devant les dirigeants mondiaux lors du sommet. « Cela représente environ la moitié du réchauffement que nous connaissons aujourd’hui - juste une exposition au méthane. »
Les États-Unis et plus de 90 pays ont signé un engagement à réduire les émissions de méthane, l’un des gaz à effet de serre les plus puissants, de 30% par dessous le niveau de 2020 d’ici 2030.
« Et je pense que nous pourrions probablement aller au-delà de cela », a déclaré le président américain.
La Maison Blanche estime que la règle de l’EPA couvrira environ 75% de toutes les émissions de méthane aux États-Unis. Le ministère de l’Intérieur prévoit également une nouvelle règle pour dissuader la ventilation afin de disperser le gaz.
En outre, la Pipeline and Hazardous Materials Safety Administration proposera une série de nouveaux règlements pour couvrir environ 645 000 km de pipelines auparavant non réglementés, y compris de nouvelles exigences de sécurité, des inspections obligatoires et la surveillance des fuites. Une règle distincte de la PHMSA ciblera 3,7 millions de km de conduites de gaz dans les villes qui n’ont pas été réglementées auparavant.
Biden a annoncé une nouvelle initiative visant à travailler avec les agriculteurs et les éleveurs pour promouvoir des « pratiques agricoles intelligentes face au climat » afin de réduire le méthane dans les fermes. Une initiative distincte de l’EPA vise à réduire les pertes et le gaspillage alimentaires dans les sites d’enfouissement municipaux, une autre source majeure de méthane aux États-Unis.
« Tout cela fait partie de notre nouvelle stratégie de méthane, qui se concentre sur la réduction de la plus grande source d’émissions de méthane tout en mettant des milliers de travailleurs qualifiés au travail partout aux États-Unis et je m’attends à ce que dans vos pays aussi », a déclaré Biden.
Il a ajouté: « Ce n’est pas seulement quelque chose que nous devons faire », mais « c'est juste une énorme opportunité ».
La présence de Joe Biden dans un sommet comme la COP 26 aux enjeux si élevés, visant à lutter contre le réchauffement de la planète, intervient alors qu’il n’a pas été en mesure de faire approuver son programme climatique chez lui, les démocrates au Congrès étant toujours divisés sur son enveloppe de dépenses de 1,75 billion de dollars.
Le premier jour du sommet, Biden a vanté sa proposition « Reconstruire en mieux » comme « l’investissement le plus important pour faire face à la crise climatique qu’un pays avancé ait jamais fait ». Mais jusqu’à ce qu’il soit adopté, le président Biden doit compter en grande partie sur l’autorité exécutive pour ses plus grandes annonces climatiques.
Le plan de Joe Biden pour la préservation des forêts comprend un engagement financier de la part des Etats-Unis allant jusqu’à 9 milliards de dollars. Cette somme étant prélevèe du montant global que l'Amérique a prévu de consacrer à son effort de lutte mondial contre le dérèglement climatique d'ici 2030.
D’autres composantes comprennent des incitations à la préservation et à la restauration des forêts, ainsi que des efforts visant à accroître les investissements privés et les collectes de données pour la protection des forêts.
Plus de 100 dirigeants mondiaux présents à Glasgow se sont engagés à enrayer et à inverser la perte de forêts et la dégradation des terres d’ici 2030 dans ce qui équivaut, effectivement, au premier accord international majeur de la COP26. Les forêts appauvries accélèrent le changement climatique parce que les forêts aident à absorber de grandes quantités de dioxyde de carbone. Elles ne remplissent plus leurs rôles de puits de carbone.
« Les forêts sont nos alliés essentiels dans la lutte contre le changement climatique – elles abritent plus des trois quarts de la vie terrestre, y compris des millions de personnes qui dépendent des forêts pour leur subsistance. C’est formidable de voir les dirigeants mondiaux écouter la science et reconnaître que la nature est cruciale pour atteindre 1,5 Celsius », a déclaré Tanya Steele, directrice générale du bureau britannique du World WildLife Fund, faisant référence à la limite de température mondiale ciblée par les négociateurs climatiques à Glasgow.
Dans de brèves remarques mardi aux dirigeants mondiaux, M. Biden a déclaré que la préservation des forêts était un élément « indispensable » de son programme climatique. « Nous devons aborder cette question avec le même sérieux que la décarbonation de notre économie. »
Pour promouvoir une plus grande innovation, Biden prévoit également d’annoncer une nouvelle « coalition de fonceurs » avec 25 membres fondateurs de la technologie et d’autres industries – y compris de grandes entreprises telles qu’Apple – qui chacune s’engage dans l’énergie propre. Il poussera les entreprises à utiliser les énergies renouvelables pour compenser la demande d’électricité grâce à une nouvelle plateforme d’approvisionnement à laquelle les entreprises peuvent accéder.
Le président a, également, souligné l'importance d'un « secteur agricole durable » et une « prochaine génération de technologie nucléaire » comme éléments clés de la croissance de l’économie des technologies propres.
Greta Thunberg critique la COP26
D’autres nouvelles du sommet ont laissé entrevoir des ambitions revues à la baisse.
L’Inde s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre à zéro émission nette – neutre en carbone – d’ici 2070, manquant l’objectif des États-Unis et de l’Union européenne de 20 ans. L’Inde est le quatrième émetteur mondial de gaz à effet de serre après la Chine, les États-Unis et l’UE. La Chine s’est engagée à atteindre zéro émission nette d’ici 2060, dix ans après l’objectif des États-Unis et de l’UE.
Et la militante pour le climat Greta Thunberg est apparue lors d’une manifestation lundi à Glasgow, au cours de laquelle elle a déclaré aux manifestants et aux médias rassemblés que les dirigeants et les diplomates de la COP26 ne faisaient que « faire semblant de prendre notre avenir au sérieux ».
Elle a déclaré que « le changement ne viendra pas de l’intérieur là-bas », faisant référence au site tentaculaire de la COP26 sur les rives de la rivière Clyde à Glasgow.
« Cette COP26 est jusqu’à présent comme les PRÉCÉDENTES et cela ne nous a menés nulle part. Ils ne nous ont menés nulle part », a-t-elle déclaré. « Au sein de la COP, il n’y a que des politiciens et des gens au pouvoir qui font semblant de prendre notre avenir au sérieux, qui prétendent prendre en considération les personnes qui sont déjà touchées aujourd’hui par la crise climatique. »
Jean Su, directrice de la justice énergétique à l’organisation à but non lucratif Center for Biological Diversity, a déclaré que l’annonce de Biden sur les nouvelles règles sur le méthane était importante. Cependant, elle a déclaré que « la réduction des émissions de méthane du secteur pétrolier et gazier n’est pas suffisante pour atteindre les objectifs climatiques fondés sur la science sans limiter également la production de combustibles fossiles. Si Biden veut être un véritable leader climatique, il doit fixer un taux de fuite de méthane proche de zéro et mettre fin aux approbations de nouveaux projets pétroliers et gaziers pour éviter un réchauffement cataclysmique."
Pourtant, Debbie Sariñana, une démocrate à la Chambre des représentants du Nouveau-Mexique, a déclaré que le sommet, pour elle, représentait également une occasion de « s’écouter et d’apprendre les uns des autres ». Professeur de mathématiques au lycée, Sariñana espère que le Congrès adopte le paquet climatique de Joe Biden, mais elle s’est également rendue à Glasgow pour chercher des moyens d’enthousiasmer et de dynamiser ses élèves sur un sujet qui peut, pour certains, sembler abstrait et éloigné malgré le fait que le Nouveau-Mexique abrite de nombreuses centrales électriques à combustibles fossiles conventionnelles.
« Nous devons répondre à l’urgence», a-t-elle déclaré. « Nous devons être en mesure de montrer à nos enfants à quel point c’est urgent. Le président devrait déclarer une urgence climatique. »
Publié le 02/11/2021 17:10
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