Le 23 mars 2021, nous nous demandions dans notre article concernant le commerce du bois dans le monde si nous ne marchions pas sur la tête. Un nuage de schizophrénie plane. Quand les uns et les autres s’insurgent des millions d’hectares qui partent en fumée aux quatre coins de la planete, l’on découvre que les mêmes y contribuent grandement au nom du sacrosaint commerce mondial.
L’arbre de la bonne conscience, planté par ci par la, semble cacher la forêt agonisante de la mondialisation.
Voici qu’un nouveau rapport rendu public ce mercredi par le WWF accrédite encore davantage la thèse selon laquelle la déforestation ne saurait se limiter à, d’un coté les coupables qui font, et de l’autre, les innocents qui condamnent. Les imbrications sont bien plus profondes et elles amènent toutes au même résultat : les forêts disparaissent à grande vitesse partout dans le monde.
Et l’Europe n’est pas épargnée par ce constat. Loin s’en faut. C’est ce que vient souligner le rapport en indiquant que « l’Europe est le deuxième destructeur mondial de forêts tropicales derrière la Chine et devant les Etats-Unis ».
Il serait faux de penser que la déforestation est l’œuvre du mal dans des pays lointains d’où l’on reçoit parfois, aux infos à la télé, à l’heure du diner, des images qui émeuvent le temps d’un steak.
Bien loin d’être déconnectées de toute réalité et responsabilité, la déforestation et la destruction de l’ecosystème qui l’entoure nous suivent comme notre ombre.
Un arbre brûle pour satisfaire un acte d’achat. Des forêts disparaissent pour répondre à la demande. Les bulldozers s’activent en Amazonie, en Asie et en Europe pour honorer les commandes des consommateurs.
Nous connaissons tous maintenant les causes principales des déforestations. Elles portent le nom de soja, huile de palme ou élevage intensif de viande bovine. Mais elles concernent également les dérivés de bois (meubles, granulés par exemple), le cacao ou le café.
L’Europe consomme. Elle consomme même beaucoup.
Les chiffres avancés par le WWF font frémir. Les importations de l’Union Européenne ont provoqué, entre 2005 et 2017, la destruction de 3,5 millions d’hectares. « C’est l’équivalent de la ville de Lyon rasée chaque semaine » précise Véronique Andrieux, directrice générale du WWF France. En 2017, ces importations comptaient pour 16% de la déforestation attribuée au commerce mondial. Sans parler de l’impact climatique de ces importations en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Toujours d’après le rapport : «les importations de l’UE ont représenté 1 807 millions de tonnes de CO2, soit 40 % des émissions annuelles globales de l’Union européenne». Et nous en déplaise, il faut faire face à la réalité. Les huit plus grands pays de l’UE sont responsables à hauteur de 80 % : l’Allemagne, la première, suivie de l’Italie, l’Espagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la France, la Belgique et la Pologne.
Outre les données chiffrées qu’il mentionne, ce genre de rapport doit nous placer face à nos responsabilités. Nos actes ici et maintenant ont une conséquence la-bas, ailleurs, très loin. Consommer responsable et intelligemment, c’est à coup sur éviter la disparition d’un arbre ou la mort d’un animal quelque part dans notre maison commune.
Comme le rajoute Véronique Andrieux judicieusement : « Pour limiter la déforestation en tant que consommateur, réduisez votre consommation de protéines animales. Si vous voulez manger de la volaille, vérifiez qu’elle ne soit pas nourrie avec du soja brésilien et si vous optez pour le bœuf, privilégiez des producteurs locaux et des élevages en pâturage. »
Allez, c’est pas grand chose. Juste du bon sens.
Publié le 14/04/2021 10:45
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