
Les insecticides néonicotinoïdes vont pouvoir être utilisés de nouveau dans la culture de la betterave sucrière. C’est la décision rendue le lundi 15 mars par le Conseil d’Etat. L’arrêté précise une utilisation » pour la seule campagne 2021 et pour la période maximale de 120 jours ». C’est évidemment une immense déception pour les ONG Agir pour l’environnement, Terre d’Abeilles et Fédération nature et progrès qui militent depuis longtemps pour l’interdiction de ces produits néfastes aux abeilles et à l’écosystème.
Comme défini : « Les néonicotinoïdes (NNI ) sont une classe d'insecticides agissant sur le système nerveux central des insectes. Ces substances sont utilisées principalement en agriculture pour la protection des plantes (produits phytosanitaires) et par les particuliers ou les entreprises pour lutter contre les insectes nuisibles à la santé humaine et animale (produits biocides) »
Ces produits, dont l’usage avait repris en février 2021, semblent pouvoir être les seuls à endiguer une infestation de pucerons qui ravagent les récoltes de betteraves. C’est en tout cas l’argument avancé par les producteurs. Ils ont attribué au puceron 30 % de baisse de leur récolte et évalué les pertes à 280 millions d’euros. A défaut de moyens alternatifs plus naturels pour contrecarrer les dégâts causés par les insectes, le juge a décidé que « les pertes importantes de production subies en 2020 témoignent de ce qu’il n’existe pas d’autres moyens raisonnables pour maîtriser ce danger pour la production agricole concernée, tout au moins pour la campagne 2021 ».
Les ONG se sont donc heurtées à une juridiction ayant motivé sa décision sur le fait que la réintroduction des pesticides dans les cultures de betteraves n’était contraire ni à la Constitution ni au droit européen, qui prévoit des dérogations à leur interdiction générale.
De son coté, la Confédération générale des producteurs de betterave s’est déclarée satisfaite de la décision. Toutefois, elle a manifesté son inquiétude quant aux récoltes d’autres produits dans les années à venir. En effet, le texte exige des garanties sanitaires strictes concernant les futures récoltes sur les parcelles utilisées pour la betterave en 2021. Ainsi, l’oignon, le blé ou l’avoine pourront être cultivés des 2022 quand la pomme de terre devra attendre 2023. Pour le colza et le tournesol, ce sera 2024.
Même si l’autorisation d’utiliser de nouveau les néonicotinoïdes est tempérée par des conditions d’emploi strictes, nul doute qu’elle a été motivée par des raisons économiques. Les enjeux financiers et humains sont considérables.
La prochaine décision du Conseil d’Etat est attendue dans les jours à venir et aura la lourde tâche d’établir un équilibre précaire entre une filière en crise inquiète pour son avenir et une biodiversité composée d’insectes pollinisateurs, oiseaux, mammifères sauvages et eau en grave danger de pollution.
Economie et environnement vont, à nouveau, se retrouver face à face.
Publié le 16/03/2021 12:10
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