Le plastique est devenu, en quelques temps, un véritable fléau planétaire. Une source de pollution de tous les écosystèmes. Sa production est exponentielle. La Banque Mondiale prévoit une augmentation de sa production mondiale de 70 % d’ici 2050 si rien n’est fait. Il dégrade les sols, étouffe les océans et contamine l’air. Il est l’ennemi public n°1 à abattre. La prise de conscience est générale. Partout dans le monde, les pays mettent en place des politiques environnementales afin d’en diminuer et rationaliser son usage. Mais la tâche est complexe . Des études ont montré que depuis 2015, plus de 6 milliards de tonnes de déchets plastiques ont été produites. Environ 9% ont été recyclés, 12 % ont été incinérées, et 79 % se retrouvent à l’air libre dans des décharges ou dans la nature.
A la lueur de ces données, les gouvernements ont décidé de légiférer à marche forcée.
En France, par exemple, il a été décidé de réduire de 20 % les emballages plastiques à usage unique d’ici 2025, 100 % des emballages en plastique à usage unique jugés "inutiles" (blisters plastiques autour des piles ou des ampoules par exemple) d'ici 2025 et de porter à 100 % leur recyclage. 2040 marquera t-elle toujours la fin des emballages plastiques à usage unique comme initialement prévu dans la loi ?
En Allemagne, la loi sur les emballages (Verpackungsgesetz) est entrée en vigueur. Son objectif est d’augmenter le taux de recyclage et de réduire les déchets d’emballages. A l’horizon 2022, le législateur allemand s’est fixé un taux de recyclage de 63%. Il n’est que de 36% actuellement.
L’ensemble des pays de l’Union Européenne a adopté peu ou prou les mêmes politiques, à des vitesses d’application qui peuvent diverger d’un pays à l’autre.
Hors du marché commun, on peut relever quelques démarches similaires comme aux Etats Unis où certains états, le New Jersey, Californie, New York ou Hawai, ont adopté depuis 2020 l'interdiction des sacs à usage unique en plastique. Le Japon, deuxième producteur mondial de déchets d’emballages plastiques (en kg/habitant), derrière les États-Unis, a adopté une « Stratégie de recyclage des ressources plastiques » qui vise à réduire de 25% les déchets plastiques à usage unique d'ici 2030, et de recycler ou réutiliser « effectivement » , à savoir pour la production d’énergie, l’ensemble de ces déchets d’ici 2035. Elle prévoit également l’obligation de restreindre le commerce de déchets plastiques sales non recyclables à partir de 2021.
On l’aura compris, partout dans le monde, la collecte, le tri et le recyclage du plastique sont désormais des enjeux écologiques majeurs. Pouvoirs publics mais aussi industriels sont à pied d’œuvre afin de trouver les meilleures solutions.
Innover est le maître mot dans une filière qui, au regard des données mondiales, augure de perspectives économiques très prometteuses et de profits importants. Le recyclage des plastiques et leur intégration dans de nouveaux produits sont ainsi devenus incontournables dans le cadre de la transition vers une économie circulaire. Les possibilités de réutilisation sont si larges (secteur médical, habillement, technologie, bâtiment, transport, entre autres), qu’elles ne peuvent qu’encourager la politique des trois R : Réduire, Réutiliser, Recycler.
Voila pourquoi, il est primordial de récupérer le plastique utilisé et d’en optimiser sa valeur, y compris en fin de vie. Et c’est la que la science entre en jeu. Quels meilleurs moyens que les principes scientifiques et les nouvelles technologies pour appréhender toute la valeur des plastiques et leurs fournir de judicieux débouchés ?
Le recyclage du plastique s’opère en 6 étapes principales :
- 1/ : la collecte des plastiques
Elle passe nécessaireement par le geste citoyen
- 2/ : le tri
Cette étape est complexe et essentielle dans l’objectif d’obtenir un plastique recyclé de très grande qualité. Les plastiques sont composés d’éléments chimiques différents. Il convient donc, à ce stade de la transformation, de les regrouper par famille :
- Le polyéthylène téréphtalate (PET) utilisé dans la fabrication des bouteilles d’eau, des boissons gazeuses, des flacons alimentaires ou d’huiles de cuisson ;
- Le polyéthylène haute densité (HDPE) utilisé dans la fabrication des bouteilles de lait, des pots de yaourt, des sacs en plastique ou des sachets pour céréales ;
- Le polystyrène (PS) utilisé dans la fabrication des boitiers de CD, d’assiettes et gobelets jetables ou des boites pour les œufs ;
- Le polypropylène (PP) utilisé pour fabriquer les flacons de pilules, les couvercles de bouteilles ou les pots de ketchup.
- 3/ : le broyage et le nettoyage
- 4/ : le séchage
- 5/ : l’homogénéisation
A ce stade, le plastique est à l’état pur et va être retravaillé selon d’autres procédés technologiques en fonction du cahier des charges des différents clients auxquels est destiné le plastique recyclé.
- 6/ : l’obtention des granulés
Une fois la cinquième étape terminée, on obtient une pâte homogène qui va être transformée par une extrudeuse. Les monofilament ou fils ainsi obtenus refroidissent au contact de l’air et de l’eau. Ils seront découpés en petits grains pour fournir ce que l’on appelle des granulés prêts à servir dans la fabrication de nouveaux objets. « Les granulés issus du polytéréphtalate d’éthylène ou PET serviront par exemple dans la confection de vêtements polaires, de sacs de courses, de meubles, de bidons pour les boissons ou de tapis ; ceux issus du polyéthylène haute densité serviront dans la confection des pots de yaourt, de stylos ou de matériaux de construction et ceux issus du vinyle ou PVC pourront servir dans la fabrication des emballages de détergents, de tuyauterie ou de matériel médical. Il est important de savoir que le plastique n’est pas recyclable à vie. Après un certain nombre de cycles de recyclage, le plastique est incinéré comme le verre. »
Un récent procédé scientifique prometteur fait son apparition dans l’étape délicate du tri : l’intelligence artificielle.
Cette solution d’avenir, déjà adoptée par certains pays comme les Etats-Unis, le Japon, la Chine, la Norvège mais également la France grâce à des acteurs majeurs du secteurs en collaboration avec de nombreuses start-ups, utilise des algorithmes de détection très poussés dans le but d’analyser, comprendre et différencier les différentes aspérités, irrégularités et propriétés du plastique. Est-il sale, composé de métal, mêlé à du papier, en mauvais état ? A terme, elle devrait être même capable de catégoriser précisément les déchets dans leurs bacs.
Cette jeune technologie se développe et ouvre la voie à des procédés de plus en plus sophistiqués, précis et efficaces. Elle devrait surtout permettre d’accélérer le processus de recyclage et ainsi d’augmenter les volumes de plastique recyclés. Affiner le tri, c’est sans conteste, augmenter de façon significative les volumes de transformation.
Considérée comme pionnière, la société américaine AMP Robotics, fondée en 2015 dans le Colorado, se montre particulièrement efficace dans ses solutions de gestion automatique des déchets. Elle a mis au point Cortex, un système robotique autonome de manipulation capable de trier les matériaux avec une précision de 99 % grâce à Neuro. Ce logiciel d'intelligence artificielle utilise la vision par ordinateur (computer vision) pour distinguer les différentes caractéristiques des produits à trier. AMP Robotics explique qu’ « une machine à trois bras installée sur la bande transporteuse du centre de récupération est maintenue en place par un châssis en acier. Grâce à une caméra industrielle couplée au logiciel Neuro, le robot trie les objets très précisément tout en s'adaptant à la conception des emballages et aux changements d'éclairage. »
Au final, nous voyons bien que les quantités de plastique à recycler ne vont cesser de croître dans les années à venir. Dans le même temps, nous allons assister à l’apparition de procédés toujours plus performants grace aux recherches menées par toutes ces jeunes sociétés à travers le monde. C’est une excellente chose. On ne peut que s’en féliciter et les encourager. Plus on parviendra à recycler de plastique, plus on préservera les ressources naturelles et moins nous aurons besoin d’utiliser de matières premières. Nous en ressortirons tous gagnants.
En effet, pourquoi fabriquer toujours plus avec des ressources nouvelles quand on peut obtenir la même qualité issue du recyclage ?
Publié le 10/05/2021 08:44
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