Akira Miyawaki, le génie au service des forêts

Akira Miyawaki est un botaniste japonais né en 1928, spécialiste mondial, expert en biologie végétale, professeur à l’université nationale de Yokohama et spécialiste des graines et de l’étude de la naturalité des forêts. Pionnier en Asie en matière d’écologie rétrospective appliquée à la restauration des forêts, il a élaboré et mis en pratique la méthode de reforestation « senzai shizen shokysei », soit la « végétation potentielle naturelle ». Cette méthode tend à restaurer une végétation naturelle sur des sols dégradés, industriels et urbains.

Les expériences menées, entre autres, au Japon, ont montré qu’il est tout à fait possible de restaurer des sols dégradés, autrefois recouverts de béton. Des micro-forêts ont été plantées dans des centres villes. Cela a permis de favoriser l’infiltration des eaux de ruissellement, d’éviter les inondations, de recharger plus efficacement les nappes phréatiques et d’éviter l’érosion des sols !

En 2006, les travaux du Pr. Miyawaki ont été récompensés par le Prix Blue Planet, qui est l’équivalent du Prix Nobel d’écologie. Grâce à sa méthode, plus de 40 millions d’arbres ont été plantés dans le monde. Ce qui représente environ plus de 3000 forêts natives.

Selon le Pr. Miyawaki, il est possible de faire pousser rapidement des forêts résilientes sur des sols dégradés à condition de respecter quelques principes majeurs :

• Sélectionner des variétés différentes de plantes indigènes d’une région,
• Faire germer les graines dans des pépinières,
• Préparer les sols en les fertilisant avec des matières naturelles (compost, plantes en décomposition, écorces, des lombrics, des fourmis, …), ils doivent être suffisamment riches et meubles pour accueillir de jeunes racines,
• Replanter les plants un ou deux ans plus tard en respectant la devise de 3 essences différentes/m²,

L’utilisation de cette méthode a montré une réelle efficacité dans la création de nouvelles forêts

La concentration d’une trentaine d’essences différentes, qui doit aller de l’arbuste de bocage aux arbres de la canopée, permet d’optimiser l’espace vertical. Cette méthode permet de se rapprocher autant que possible de ce que fait naturellement une forêt pour se développer. Ce qui est essentiel à sa survie.

Cela permet également la création de forêts à un rythme beaucoup plus rapide et plus efficace grâce aux synergies et interactions qu’exercent les plantes les unes sur les autres.  Ce qui n’est pas le cas lors de reforestation classique d’arbres bien espacés les uns des autres.

Ainsi, la plantation de 3 arbres différents au m² permet de favoriser la communication racinaire, de limiter les mauvaises herbes et de favoriser l’exposition et l’accès à la lumière. Cette proximité d’enracinement rend les arbres plus résistants aux aléas climatiques ainsi qu’aux maladies.  Un écosystème stable et résilient se met en place.

De plus, nous pouvons noter que très rapidement, ces forêts sont 30 fois plus denses, ont une croissance 10 fois plus rapide et un développement 20 fois plus riche en biodiversité qu’une plantation classique.  

Cette méthode ne nécessite pas beaucoup d’entretien des espaces recréés. Au bout de 3 années, la forêt est complètement autonome.

La densité de plantation permet de recréer des micro-forêts natives sur des surfaces d’environs 100 m². Cette surface suffit pour restaurer un petit écosystème forestier riche et résilient.

A l’image de JADAV PAYENG qui a su reconstruire une forêt à lui tout seul sur l’île de Majuli en Inde, des reforestations ont été réalisées selon ce principe en Asie (Japon, Chine, Malaisie, Thaïlande, Cambodge), en Amérique du Sud (Brésil), en Inde, en Afrique (Kenya) et en Europe.

Parce que la forêt est notre meilleure alliée pour lutter contre le dérèglement climatique, nous voyons apparaitre, dans plusieurs pays à travers le monde, des associations de citoyens pour faire naître des projets de création de micro-forêts dans les villes et les campagnes à proximité.  

Ces petits poumons verts disséminés au cœur de nos villes agissent comme des régulateurs de température et peuvent faire diminuer de plusieurs degrés la température environnante par le phénomène d’évapotranspiration des feuilles.

Comme nous le savons tous, la nature est pleine de surprises pour peu que nous sachions tirer le meilleur parti de ce qu’elle nous donne.  Introduite dans nos environnements urbains, les micro-forêts pourraient agir rapidement et efficacement sur la qualité de l’air. Elles peuvent faire diminuer considérablement les particules fines, d’environ 50%.

Sans attendre que des apprentis sorciers en géo-ingénierie viennent faire leurs expériences, au risque de dégrader encore plus notre environnement, ces micro-forêts jouent aussi le rôle de centrale de stockage de Carbone. CO2 qu’elles absorbent tout en restituant une importante quantité d’Oxygène en contrepartie dans l’atmosphère, grâce au fabuleux phénomène de photosynthèse.

Quoi de mieux que de s’inspirer de ces initiatives naturelles pour redonner à nos villes des espaces végétalisés. Des espaces qui recréent ce que nous ne cessons de détruire. Ensemble, rebâtissons ce que la nature fait de mieux. Un exemple supplémentaire à suivre !