La Chine est plus que jamais déterminée à devenir le champion mondial incontesté de l’énergie nucléaire d’ici 2030. Afin d’y parvenir, le gouvernement chinois a entrepris la construction de 6 à 8 réacteurs nucléaires par an d’ici 2025.
C’est un virage brusque que les autorités chinoises ont décidé de prendre. Passer du mauvais élève mondial au plus vertueux nécessite des mesures fortes, des projets ambitieux et des investissements lourds. La Chine fait partie de ces pays qui parient sur le tout nucléaire quand d’autres, comme l’Allemagne, souhaitent s’en détacher. Aujourd’hui, bon nombre de villes en Chine étouffent et disparaissent sous d’épais nuages de pollution causant des maladies au sein des populations. Le gouvernement chinois n’en veut plus. Pour cela, il a décidé de renoncer progressivement a l’utilisation du charbon pour aller vers une transition énergétique propre. La part de production d’électricité du pays au moyen du charbon est aujourd’hui de 64 % contre à peine 5 % pour le nucléaire. Outre le fait de répondre aux urgences climatiques incontournables et de se mettre en conformité avec les standards décidés par la communauté internationale, il est stratégique pour la Chine de diversifier ses sources de production énergétique afin de diminuer sa dépendance aux énergies fossiles mais également afin de mieux répondre à une demande intérieure en constante croissance.
Toutefois, cette accélération du rythme de construction de centrales nucléaires entraine une diminution inquiétante du stock d’uranium chinois. D’ici 5 ans, La Chine pourrait être à court de carburant. Selon les spécialistes chinois en technologies nucléaires : « en 2040, le secteur chinois de l’énergie nucléaire va consommer davantage d’uranium que la totalité de ce qui a été produit dans le monde entier en 2019 ».
Rien d’étonnant des lors que les autorités chinoises anticipent une éventuelle pénurie et cherchent tous les moyens possibles de la prévenir. Une dépendance aux approvisionnements d’uranium serait tout aussi dangereuse qu’une dépendance aux énergies fossiles.
Parmi les différentes pistes envisagées, il en est une qui pourrait offrir des perspectives intéressantes. La Chine envisage d’extraire de l’uranium de l’eau de mer ; et ce, d’ici une dizaine d’années. Même si cette technique révolutionnaire est encore mal maîtrisée et d’un coût plutôt élevé par rapport aux rendements nécessaires, elle est jugée prometteuse. C’est en tout cas l’avis de l’Académie Chinoise d’Ingénierie Physique en charge du projet pour laquelle les gisements sont immenses. Quant à l’Institut de Technologie Nucléaire et des Energies Nouvelles, elle estime que : « Le développement de la technique d’extraction de l’uranium de l’eau de mer devrait devenir une garanties des ressources en uranium pour le développement de l’énergie nucléaire ».
En attendant que cette technique, ou une autre, voit le jour et puisse garantir une autonomie énergétique à la Chine, le pays doit trouver son carburant ailleurs. Et quel meilleur choix que de se tourner vers son nouveau partenaire privilégié : la Russie ? Pékin et Moscou entretiennent d’excellentes relations depuis quelques années et l’énergie nucléaire est un domaine leur offrant la possibilité de resserrer encore davantage ces liens dans un contexte géopolitique et géo économique qui tend de plus en plus vers la construction de deux blocs façon guerre froide. La construction en Chine de réacteurs nucléaires par l’opérateur russe, Rosatom, concrétise ce rapprochement stratégique. Comme l’a déclaré récemment le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, : « Il s’agit du plus grand projet de coopération nucléaire Chine-Russie à ce jour et représente le plus haut niveau de coopération entre les deux pays ».
Au final, La Chine conserve son cap et entend décarboner son économie à marche forcée. Aidée en cela par les prix internationaux de l’uranium qui sont actuellement au plus bas et qui lui permettent de se fournir à moindre frais chez ses voisins kazakhes et ouzbèkes. Mais que va-t-il se passer lorsque les ressources en uranium à faibles coûts vont progressivement diminuer en corrélation avec une augmentation de la demande mondiale ? Et selon les experts, cette situation devrait apparaitre dans la décennie à venir. Manifestement, la Chine y songe et a des pistes.
Quant aux ONG qui luttent pour l’environnement, elles n’ont pas fini de surveiller la Chine. Après les centrales à charbon, le nouveau sujet d’inquiétudes sera le traitement et le stockage des quantités toujours plus importantes de déchets nucléaires.
Point Géo
La Chine
Capitale : Peking
Population : 1,4 milliard d’habitants.
Superficie : 9,597 millions km²
Monnaie : Yuan
Frontières communes : Mongolie, Russie, Inde, Birmanie, Kazakhstan, Corée du Nord, Viêt Nam, Népal, Kirghizistan, Pakistan, Bhoutan, Laos, Tadjikistan, Afghanistan
Publié le 22/05/2021 11:54
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