
Alors que le président Emmanuel Macron a exhorté la France et ses acteurs économiques, dans son plan France 2030, à redoubler d’effort afin de développer des énergies moins émettrices de CO², l’Agence Internationale de l’énergie s’inquiète de ce que la transition énergétique est trop lente.
En effet, l’agence pressent « une double peine : s'il n'investit pas plus massivement et rapidement dans les énergies propres, le monde subira le réchauffement climatique, mais aussi des « turbulences en matière d’approvisionnement » , Mercredi 13 octobre, l’IAE a exprimé sa vive inquiétude et a lancé "de sérieux avertissements devant la direction que le monde prend", dans son rapport annuel publié à deux semaines de l'ouverture de la COP26 de l'ONU à Glasgow. "La transition est trop lente".
Batteries, hydrogène, véhicules électriques... Tous ces secteurs sont contrés par "la résistance du statu quo et des énergies fossiles", alors que pétrole, gaz et charbon regroupent toujours 80% de la consommation finale d'énergie, générant trois quarts du dérèglement climatique, selon le rapport.
Le directeur de l'AIE, Fatih Birol, appelle les dirigeants à la COP26 à "faire leur part en faisant des années 2020 la décennie du déploiement massif des énergies décarbonées". Il l'assure : "une nouvelle économie de l'énergie émerge, avec un potentiel de création de millions d'emplois". Or, "nous n'investissons pas assez pour répondre aux besoins futurs, et ces incertitudes nous préparent à une période volatile. La façon d'y répondre est claire : investir massivement et rapidement dans les énergies propres." Selon lui, les investissements dans des projets énergétiques décarbonés devront tripler dans les dix ans, pour la neutralité carbone à 2050 ; allant ainsi dans le sens de ce que le président français a préconisé.
Dans le reste du monde, l’IAE rappelle le rôle non négligeable que la crise du Covid a joué. En effet, cette dernière a stoppé les progrès de l'électrification notamment en Afrique subsaharienne. Le financement des pays émergents est un enjeu clé, alors qu'ils doivent s'équiper tout en évitant notamment les centrales à charbon. Or, les financements supplémentaires nécessaires "sont moins lourds qu'ils n'y paraissent", ajoute-t-elle : 40% des réductions d'émissions "se paient d'elles-mêmes", par l'efficacité énergétique, la lutte contre les fuites de méthane ou les parcs solaires ou éoliens là où ces technologies sont déjà les plus compétitives, écrit l'AIE.
S’agissant de la maîtrise de la hausse des températures au niveau requis par l’Accord de Paris, l’AIE prévient que cela "demandera des efforts majeurs mais offre des avantages considérables pour la santé comme le développement économique", alors que l'actuel déficit général d'investissement affecte non seulement le climat mais aussi les prix et l'approvisionnement. L’objectif étant de contenir une forte hausse du prix de l’énergie à un moment où l’on assite à une effervescence autour de ce secteur dans le monde entier..
Sans ce virage stratégique mondial, "le risque d'une volatilité déstabilisatrice ne pourra que croître avec le temps", ajoute le rapport, qui insiste sur l'importance d'une transition "abordable pour tous les citoyens".
Publié le 14/10/2021 11:39
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