Le rapport de l’initiative 3DEN de l’AIE détaille le coût élevé du report des investissements et présente des actions ciblées pour stimuler la numérisation du réseau.
Les technologies numériques peuvent grandement améliorer le fonctionnement des réseaux électriques pour aider à intégrer avec succès les sources d’énergie propre, mais un manque d’investissement dans ces réseaux pourrait ralentir la transition énergétique et augmenter les coûts, en particulier dans les économies émergentes et en développement.
Selon un nouveau rapport de l’Agence internationale de l’énergie, les technologies numériques pourraient permettre d’économiser 1,8 billion de dollars d’investissements dans les réseaux à l’échelle mondiale jusqu’en 2050 en prolongeant la durée de vie des réseaux, tout en contribuant à intégrer les énergies renouvelables et à minimiser les interruptions d’approvisionnement. Cependant, ne pas mettre à niveau et digtialiser correctement l’infrastructure de réseau pourrait réduire la production économique dans les pays émergents et en développement de près de 1,3 billion de dollars, car la baisse de productivité, la perte de ventes et les dépenses inutiles en production de sauvegarde font grimper les coûts et mettent en péril les objectifs de zéro émission nette.
Libérer les opportunités des réseaux intelligents dans les marchés émergents et les économies en développement est le premier rapport phare de l’Initiative sur les réseaux électriques numériques axés sur la demande (3DEN). Il sera présenté à 14h00 CET le 6 juin 2023 lors d’un événement spécial, Powering the Future: Leveraging digitalisation for efficiency, resilience and decarbonisation, et diffusé en direct sur le site web de l’AIE. La session s’inscrit dans le cadre de la 8e Conférence mondiale annuelle de l’AIE sur l’efficacité énergétique, qui se tiendra du 6 au 8 juin à Versailles, co-organisée par le directeur exécutif de l’AIE, Fatih Birol, et la ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.
L’électricité est la source de demande finale d’énergie qui connaît la croissance la plus rapide et continuera de dépasser la croissance de la consommation totale d’énergie au cours des 25 prochaines années. L’AIE estime que la demande d’électricité dans les économies émergentes et en développement (à l’exclusion de la Chine) augmentera d’environ 2 500 TWh supplémentaires d’ici 2030, soit environ cinq fois la demande actuelle de l’Allemagne.
L’électrification élargie et le recours accru à l’énergie solaire et éolienne variable, ainsi qu’au stockage de l’électricité, nécessitent des approches plus sophistiquées pour faire correspondre la demande et la production, en particulier pendant les périodes de pointe. Le sous-investissement chronique a laissé de nombreux réseaux électriques incapables de faire face à de tels défis. Les interruptions de l’approvisionnement en électricité peuvent également affecter les infrastructures essentielles, l’approvisionnement en eau et en nourriture, l’accès à l’assistance médicale, les télécommunications et la mobilité, avec de graves répercussions sur la santé et le bien-être humains. En outre, l’inefficacité résultant des pertes techniques dans les réseaux représente environ 1 gigatonne d’émissions de CO2 par an, ce qui équivaut à deux fois les émissions de toutes les voitures en Europe.
La numérisation est un facteur clé pour surmonter certains des obstacles auxquels sont confrontés les réseaux, les opérateurs et les services publics d’électricité aujourd’hui. Les solutions numériques permettent aux services publics de mieux prévoir les déséquilibres entre la demande et l’offre, et de localiser et de corriger les défauts plus rapidement. Mais les investissements mondiaux actuels dans les réseaux sont bien en deçà de ce qui est requis pour des émissions nettes nulles d’ici le milieu du siècle. L’investissement annuel devra plus que doubler pour atteindre environ 750 milliards USD d’ici 2030, contre environ 320 milliards USD aujourd’hui.
« Les réseaux électriques comptent parmi les héros méconnus de la transition énergétique, mais ils nécessitent des investissements massifs », a déclaré le Dr Birol. « Alors que beaucoup d’attention est accordée aux panneaux solaires et aux véhicules électriques, ce sont les réseaux qui relient tout ensemble. En numérisant nos réseaux, nos systèmes électriques deviennent plus fiables et plus sûrs, et nos services publics peuvent mieux gérer l’équilibre entre l’offre et la demande d’électricité. Plus nous attendons pour mettre à niveau et numériser nos réseaux, plus cela coûtera cher. »
3DEN est une initiative inter-agences de l’AIE qui accélère les progrès en matière de modernisation du système électrique, soutenue par le ministère italien de l’Environnement et de la Sécurité énergétique.
« La numérisation offre d’énormes possibilités de mettre en place des systèmes électriques plus durables, fiables, efficaces et abordables, et contribue à la réalisation des objectifs climatiques. Des actions ciblées et des investissements stratégiques sont nécessaires dès maintenant. L’ampleur de cette transformation est énorme, et une coopération internationale et un partage des connaissances solides sont essentiels », a déclaré Gilberto Pichetto Fratin, ministre italien de l’Environnement et de la Sécurité énergétique. « Nous sommes ravis de collaborer avec l’Agence internationale de l’énergie et le PNUE, dans le cadre du projet 3DEN, pour accélérer les transitions vers une énergie propre à l’échelle mondiale, en particulier dans les économies émergentes et les pays en développement. »
Parallèlement au projet 3NEN, le Ministère italien de l’environnement et de la sécurité énergétique a lancé un programme pilote de réseau intelligent, géré par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Des projets sont actuellement mis en œuvre au Brésil, en Colombie, en Inde et au Maroc. Les réalisations et les leçons tirées de ces projets sont utilisées pour éclairer l’analyse et l’orientation stratégique de l’AIE.
La publication d’aujourd’hui est la première d’une série de rapports de l’AIE 2023 sur les grilles et la numérisation qui formeront un portefeuille croissant d’informations et d’orientations politiques. Il sera suivi d’une analyse plus approfondie examinant les changements dans les paysages de l’électricité nécessaires pour atteindre les objectifs de carboneutralité et les mesures stratégiques nécessaires pour faire face à ces changements, tout en maintenant la sécurité, l’abordabilité et la durabilité.
Lire le rapport
Le rapport fournit des orientations aux décideurs politiques énergétiques sur les moyens possibles de permettre et de stimuler les investissements dans les réseaux électriques intelligents et résilients, avec des suggestions sur la façon de commencer à créer un environnement qui soutient l’utilisation efficace des technologies numériques innovantes dans le secteur de l’électricité
Sources : International Energy Agency - IEA
Publié le 08/06/2023 12:59
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