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Yolaine de la Bigne

Yolaine de la Bigne, journaliste et créatrice du média L’Animal et L’homme, auteur de multiples ouvrages, inaugurera notre rubrique « Animal, Mon ami « . Nous évoquerons entre autres la place de l’animal dans nos sociétés et elle nous racontera les incroyables et insoupçonnées facultés dont les animaux font preuve.

Bonjour Madame de la Bigne,

Je vous remercie d’avoir accepté de répondre à nos questions. Nous allons inaugurer ensemble notre nouvelle rubrique consacrée aux animaux que nous avons appelée : «Animal, mon ami. » , et je sais que c’est un sujet qui vous tient particulièrement à cœur. Vous êtes une écologiste convaincue et ce, bien avant que ce thème ne devienne à la mode et qu’il ne soit, bien souvent, maladroitement récupéré. Cela m’amène naturellement à ma première question :

  • Quelle définition donnez-vous à l’écologie ?

Le respect. L’écologie c’est l’attention, l’envie de connaître et de respecter tout ce qui nous entoure, les humains, les végétaux et les animaux. C’est pour ça qu’il y a une dimension sociale et humaniste très importante dans cette école de pensée que l’on oublie souvent. L’écologie c’est pour moi un art de vivre, plus sain, plus respectueux, plus modeste.

  • Que vous ont appris toutes ces années intenses à étudier, observer et raconter la terre ; parfois aux cotés de gens comme Nicolas Hulot tout aussi concernés par la protection de l’environnement que vous ?

Que la vie est extrêmement complexe, nous voulons toujours simplifier les choses car cela nous rassure mais c’est impossible concernant l’écologie d’où les erreurs, les polémiques, les débats. On invente une technologie comme les éoliennes qui semble prometteuse ? Quelques années plus tard on se rend compte de ses défauts. C’est pour ça qu’il faut écouter les experts pour se faire une idée à peu près juste des choses et encore eux aussi se trompent souvent. L’écologie est l’école du doute. On y apprend la subtilité, les changements et les évolutions,  les contradictions, bref tout ce qui fait la richesse de la vie sur terre. Cela doit nous rendre plus humbles et nous faire comprendre qu’il nous reste beaucoup à apprendre sur notre planète.

  • J’ai l’impression que l’époque actuelle est plus dramatique qu’épique. Il y a 15 ou 20 ans de cela, de nombreux acteurs de la société, dont vous étiez, sensibilisaient déjà sur la fragilité de nos écosystèmes. Comment avons-nous fait pour en arriver, aujourd’hui, à une situation ou l’urgence frappe à nos portes ? Où avons-nous failli selon vous ?

Notre système capitaliste est une fuite en avant, obsédé par la croissance. Par ailleurs l’industrialisation,  le progrès et maintenant l’internet nous ont donné des moyens d’une efficacité redoutable pour piller la nature. Elle est si riche qu’elle semblait inépuisable. Mais nous sommes arrivés à point de non- retour. Notre société doit absolument obéir à une démarche plus éthique. Gagner de l’argent, avoir une vie confortable c’est formidable. A condition de donner du sens à tout ça. Pourquoi ? Que vais-je laisser à mes enfants ? Ma richesse profite-elle aux autres ? Nos sociétés ont fait d’incroyables progrès sociaux concernant les femmes, les enfants, les injustices etc mais il reste beaucoup à faire. Et l’effondrement de la nature nous met dans une urgence terrible.

  • S’intéresser à l’environnement, c’est s’intéresser au vivant. En 2016, vous créez « L’Animal et l’Homme ». Pourriez vous nous expliquer de quoi il s’agit ?

En m’intéressant à la 6ème extinction, ce drame qui s’opère sous nos yeux sans susciter beaucoup de réactions, j’ai interviewé des spécialistes des animaux et découvert les incroyables découvertes que l’on fait depuis quelques décennies sur les intelligences animales. J’ai commencé à rencontrer des chercheurs et spécialistes et j’ai eu envie de porter leur parole car ce sont souvent des solitaires qui travaillent dans leur coin. J’ai donc créé des évènements pour qu’ils fassent des conférences, des livres qui regroupaient leurs textes, un site internet et une chaîne youtube. Le but est très militant : protéger les animaux non, comme le font admirablement de nombreuses associations, en parlant de leur sensibilité, en les défendant d’un point de vue juridique etc J’ai choisi l’angle de leur intelligence, en suscitant l’admiration pour tous leur talents. Afin de démontrer que non seulement on ne peut vivre sans eux mais que si nous arrêtions de leur faire la guerre,  de les tuer, de les manger, de les martyriser, nous serions très gagnants. Les animaux ont beaucoup à nous apprendre.

  • Comment expliquez vous ce virage vers l’animal ? Était-ce un chemin tout naturel après avoir fait le tour des thèmes environnementaux ou le désir de le réhabiliter dans nos sociétés ?

Oui le thème va prendre de l’ampleur pour plusieurs raisons.  L’influence anglo-saxonne, d’abord, nos voisins ont culturellement une plus grande curiosité de la nature. La mode des végétariens aux Etats-Unis par exemple a rendu les français plus tolérants sur ce sujet.  Je suis végétarienne depuis 32 ans, ça été très difficile au début, les gens m’agressaient beaucoup. L’angoisse écologique, ensuite. Cela nous rend plus attentifs car nous voyons bien que quelque chose  ne tourne pas rond et que les animaux nous apportent beaucoup. Par exemple dans les villes, les gens ont parfois des existence hors-sol alors leur chat ou leur chien prend un rôle important, il  devient un ami, une consolation, un membre de la famille. La connaissance aussi explique ce virage, depuis quelques décennies nous découvrons grâce aux nouvelles technologies (vidéos, miniaturisation, drones etc), aux découvertes biologiques, aux travaux éthologiques que la nature est incroyable, les animaux et les végétaux sur lesquels il y a des découvertes époustouflantes en ce moment. Certains films animaliers fascinent les gens, les ouvrages sur les intelligences animales se succèdent, tout ça est très enthousiasmant. Et ça va continuer. Plus nous nous éloignons de la nature, plus l’animal va prendre une place capitale pour nous aider à le supporter. Car n’oublions pas que nous sommes aussi des animaux.

  • Vous parlez d’intelligences animales. Il y en a plusieurs ? D’ailleurs, quelle définition donnez-vous à l’intelligence animale ? Comment la quantifie-t-on ?

Darwin l’avait déjà dit : dès qu’il y a du vivant il y a de l’intelligence, du ver de terre qui sait créer l’humus et connaît mieux la terre que nos agriculteurs jusqu’aux chiens qui  nous devinent si bien et peuvent discerner certains cancers, nos crises d’épilepsie ou nos traumatismes. De façon très logique, chaque animal a l’intelligence nécessaire pour vivre, un poussin sait compter jusqu’à 5 dès la naissance, les bébés crocodiles annoncent leur naissance à  leur mère encore dans l’œuf pour qu’elle soit prête à les accueillir, les abeilles dansent pour indiquer où sont des fleurs et donnent avec exactitude la position du soleil, le sens du vent etc en fonction de l’heure de la journée… c’est époustouflant ! Nous n’en sommes qu’au début de nos découvertes mais déjà on sait que de nombreux animaux savent très bien s’adapter aux situations nouvelles, communiquer de multiples façons  et se débrouiller.

  • Lors de certaines conférences, on a pu entendre des spécialistes déclarer que, dans certains cas, les animaux pouvaient être plus intelligents que l’homme. Des affirmations qui en feraient bondir beaucoup. Et vous, êtes-vous d’accord avec ca ?

Bien sûr, l’homme est extraordinaire, il est allé sur la lune et a inventé l’internet, mais il ne sait pas faire de nombreuses choses que les animaux savent faire. On touche un point typiquement humain : notre obsession de comparer, toujours dans l’idée d’être le meilleur. Or ça ne veut rien dire, chaque être vivant a l’intelligence qui lui sert. Un pigeon est beaucoup plus doué que nous pour s’orienter, photographier l’espace et s’en souvenir, deviner les champs magnétiques etc mais il ne sait pas prendre le train. Nous sommes obligés de regarder nos GPS pour nous orienter, GPS qui ont été conçu en imitant les fourmis, reines de l’orientation. C’est l’intérêt de ces découvertes: nous apprendre à être plus tolérant. Tout le monde est intelligent, mais chacun à sa façon. D’ailleurs on le voit chez les humains, aussi vous avez des gens intellectuellement très brillants mais pas capables de jouer au football qui demande un vraie intelligence spatiale. Et Mozart qui était un génie de la musique n’aurait sans doute pas été le mieux placé pour synthétiser un gros dossier juridique. C’est pour ça que l’intelligence ne veut rien dire. Et qu’on parle des intelligences. Elles sont multiples.

  • A l’occasion de La Journée mondiales des intelligences animales, dont vous êtes à l’origine, des spécialistes exposent leurs recherches et expliquent les résultats de leurs travaux. Vous pensez qu’informer est un bon moyen de modifier le regard que nous portons sur les animaux et par la même, nous amener à les considérer différemment ?

Je le pense et je le vérifie. L’émerveillement, l’étonnement que suscitent ces conférences changent le regard. C’est pour ça que je choisis toujours de parler aussi d’animaux mal-aimés, les araignées, les pigeons, les serpents etc pour que le public les voit sous un autre angle.

  • Cela revient donc à dire que nous les traitons mal, parce qu’on les connait mal ? Vous abordez donc le respect de l’animal par le biais de sa connaissance scientifique et non plus simplement sur la base des sentiments tels que l’amour, la peine ou la pitié ?

Oui c’est une autre façon de les aborder mais les deux se complètent. On aime mieux ce que l’on connaît.

  • Le thème du « bien être animal » est très actuel. En Janvier 2021 était adoptée en France en première lecture la loi sur la maltraitance animale. Elle emboitait le pas à nombre de lois plus ou moins similaires dans d’autres pays du monde. Est-ce une bonne loi selon vous ? Y verriez-vous des lacunes ou de possibles axes de progrès ?

Quelques maigres progrès pour d’énormes lacunes. On a évité les sujets qui fâchent l’élevage, la chasse, et on a accordé quelques avancées, interdiction des cirques avec animaux, des delphinariums etc Ne boudons pas notre plaisir, c’est déjà bien ! La France est très en retard sur la plupart de ces sujets, donc félicitons-nous de chaque avancée mais c’est loin d’être une grande victoire il faut continuer !

  • Fin des animaux dans les cirques, fin des delphinariums, fin de la vente des animaux de compagnies dans les animaleries, entre autres,  toutes ces mesures étaient-elles nécessaires ?

Absolument, elle sont toutes basées sur des excès épouvantables et sur un irrespect de l’animal qui est traité comme un objet. Il n’a pas à faire des spectacles ridicules, à être dressé et souvent maltraité,  à être vendu, en magasin via des réseaux louches la plupart du temps. C’était nécessaire mais je le répète c’est loin d’être satisfaisant. C’est un tout petit pas.

  • On voudrait donner une définition universelle au bien-être animal. Pour autant, il m’apparait que cette définition revêt une dimension hautement culturelle. En d’autres termes, j’ai tendance à croire que le bien-être animal est, au fond, une notion arbitraire appréhendée en fonction de critères propres à l’homme (culturels, socio-économiques, religieux) et non en fonction de l’animal lui-même. Partagez vous ce sentiment ?

Non le vrai bien-être animal ne devrait pas être appréhendé en fonction de nos cultures mais en fonction de la culture de cet animal. Un cochon doit être traité selon les besoins d’un cochon, une chien d’un chien etc d’où l’importance de la connaissance. Prenons le cochon, particulièrement martyrisé depuis toujours. On dit qu’il est sale, c’est stupide ! C’est un animal particulièrement propre, qui dans la nature - donc son cousin sauvage, le sanglier-  vit dans des endroits pour chaque fonction (manger, dormir, déféquer…), se lavent régulièrement etc) On le croit  bête ? Il  est plus intelligence que certains singes, il a une vie sociale très riche, est altruiste avec ses copains, adore jouer, devine des concepts abstraits etc. Donc on traite le cochon selon notre propre culture et sans le connaître. Avec une injustice et une cruauté insupportable. Ce que l’on fait vivre à ces animaux dans les stabulations pour en faire du saucisson est une honte pour notre société.  

  • Partout dans le monde, des écosystèmes entiers sont menacés par l’activité de l’homme. L’IUCN ne cesse de rallonger la liste des espèces en grands dangers, voire en voie de disparition. Quel regard portez vous sur cette triste réalité ?

C’est très inquiétant, la 6ème extinction a déjà fait des ravages. Et le monde n’est plus -et ne sera plus- comme il y a 40 ou 50 ans. C’est terrible. Nous pouvons « réparer » nos erreurs et ça commence un peu partout, replanter des forêts, ré-ensauvager des lieux où on laisse la nature et les animaux respirer enfin, créer des réserves (réellement protégées ce qui est rarement le cas) etc mais la situation est très tendue.

  • N’est ce pas avant tout une situation qui demande une réponse politique forte afin de soutenir le travail admirable de toutes les ONG qui se battent au quotidien ?

Ce ne  sont pas les politiques qui font évoluer le monde, ils sont complètement à la traîne. Ce sont les associations qui enquêtent, informent, nous ouvrent les yeux et se battent pour que les choses bougent. Les politiques sont très responsables de l’état du monde actuel. Cela fait 20 ans que des scientifiques sérieux, - pas des écolos excités-, tirent la sonnette d’alarme. Personne n’écoute, c’est insupportable. Si les gens ne vont pas voter et ne croient plus à leurs discours comment s’étonner ?

  • En 2017, vous posiez la question : L’animal est il l’avenir de l’homme ? Avez-vous trouvé la réponse ?

Oui l’animal est l’avenir de l’homme. Le respect de l’animal c’est le respect de ce qui nous entoure, des êtres différents et en suite logique, des autres humains et de nous-mêmes.  Ca doit être notre avenir : un autre regard sur la vie, une autre envie de vivre le monde. Sinon je ne sais pas où on va…

  • Avant de nous quitter, pouvez vous nous parler de votre actualité ? Quels sont vos projets ? Je crois savoir que vous travaillez à un prochain livre. Pouvons nous en savoir un peu plus ?

Je viens de terminer « Les intelligences animales », un collectif (édition 1Healthmédia) avec 11 textes tirés des conférences des évènements que j’organise. Ils ont été réécrits de façon très  grand public et illustrés de photos sur les chauve-souris, les tortues, les manchots, les chiens ou les oiseaux… c’est vraiment passionnant.

Je publie le 14 septembre un livre personnel et très  engagé chez Leuc « Mon année 0 souffrance animale » avec chaque mois un sujet (élevage, chasse, etc). IL y a le constat généralement accablant. Puis pour chaque sujet des « ca bouge » et « les solutions » qui montrent heureusement qu’il y a de nombreux progrès. Enfin un « qu’est-ce que je peux faire » ? » avec des gestes faciles que chacun peut faire pour apporter sa pierre et aider les animaux à moins souffrir

Enfin fin août il y a la 6ème Université d’été de l’animal à La Bourbansais en Bretagne où l’on parlera de singes, d’animaux sauvages en ville d’animaux médecins etc le programme va être passionnant. Toutes les infos sont sur le site : www.lanimaletlhomme.com et si vous vous inscrivez à la newsletter vous aurez tous les mardi des interviews et des infos sur les talents incroyables de nos amis les animaux. Ca rend la vie plus belle !

Je suis arrivé au terme de notre interview, Madame de la Bigne. 

Il ne me reste plus qu’à vous remercier pour le temps que vous nous avez accordé et d’avoir donné l’occasion à nos lecteurs de profiter de votre expérience. J’espère que nous aurons su leur donner envie d’en savoir davantage sur nos amis les bêtes et de découvrir le large éventail de vos activités. Quant à moi et à l’équipe de DV8 World News, nous soutenons pleinement votre engagement dans la défense de l’environnement et la reconnaissance du monde animal. Nous espérons pouvoir vous suivre et tenir nos lecteurs régulièrement informés de votre actualité, si vous en êtes d’accord bien sûr !

Merci encore.

 

Publié le 20/06/2021 19:20

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