Agriculture : l'indispensable transformation.

Le monde agricole fait face à des défis majeurs et l’agriculture n’a pas d’autres solutions que de se réinventer. Le modèle agricole traditionnel tel que nous l’avons connu pendant des décennies ne peut plus exister. Il va laisser la place à une nouvelle génération d’agriculteurs qui envisagent désormais leurs métiers de façon moderne. Ils s’adaptent. Ils se diversifient. Ils raccrochent le train du bio. Ils raisonnent en bilan carbone. Ils calculent la tonne de CO² par hectare et par an qu’ils vont pouvoir stocker pour être en adéquation avec les exigences environnementales. Ils comprennent les pressions environnementales et les attentes sociétales qui s’imposent à eux. Voila pourquoi, en ordre de bataille, ils relèvent les défis les uns après les autres et amènent leur passion vers le monde de demain. Nos paysans d’antan s’éloignent à grande vitesse !

Les contraintes et normes écologiques en vue de lutter contre les émissions de gaz à effet de serre s’imposent à tous. L’agriculture n’y échappe pas. Et on peut s’en féliciter car les pratiques agricoles ont été très longtemps critiquables d’un point de vue écologique. Il était temps d’y mettre un terme pour évoluer vers des méthodes plus encadrées et plus saines. C’est en partie ce qu’exige La Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC introduite par la Loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte (LTECV). Le monde agricole doit se conformer à cette feuille de route établie par le gouvernement. Dans son acception globale, La Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) vise à lutter contre le changement climatique. » Elle donne des orientations pour mettre en œuvre, dans tous les secteurs d’activité, la transition vers une économie bas-carbone, circulaire et durable. Elle définit une trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre jusqu’à 2050 et fixe des objectifs à court-moyen termes : les budgets carbone. Elle a deux ambitions : atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 et réduire l’empreinte carbone de la consommation des Français. »

Toutefois, l’accouchement est loin de se faire sans douleur. En plus des lourdes contraintes qu’ils doivent désormais intégrer à leurs activités en termes de normes et d’interdits, les agriculteurs subissent toutes sortes de menaces extérieures : dégradations des sols, augmentation du cout des entrants, conséquences du changement climatique. Ce dernier point est, d’ailleurs, devenu des plus inquiétants. En effet, si auparavant les caprices du temps était un coup de malchance, ils représentent aujourd’hui une variable avec laquelle il faut composer tous les jours.

Voici que l’agriculture subit les foudres d’un climat changeant dont l’exercice même de son activité est accusé de contribuer grandement au dérèglement climatique ! Cruelle ironie qui illustre toute la difficulté pour les agriculteurs d’emprunter désormais une voie sereine pour pratiquer leur métier. Cercle vicieux dont il est urgent de sortir pour redorer une image quelque peu ternie.

Il y a, tout d’abord, les réalités qui fâchent. l'agriculture est le deuxième émetteur de gaz à effet de serre de la France. Le ministère de la transition écologique rapportait, il y a peu, que ce secteur d’activité contribue, à lui seul, pour 19% des émissions totales, soit 85 mégatonnes de CO2 équivalent en 2019. A l'échelle mondiale, la part progresse de 5% pour atteindre 24%.  

L’élevage du bétail entraine des quantités extrêmement importantes de méthane dues à la « fermentation entérique pendant la digestion des ruminants ». Ce gaz à effet de serre a un pouvoir de réchauffement 25 fois supérieur au CO2.

L’usage de fertilisants azotés engendre du protoxyde d'azote (N2O) qui est 298 fois plus réchauffant que le dioxyde de carbone.

Ce n’est pas terminé. On trouve ensuite le CO². Les engins agricoles et le chauffage des bâtiments d'élevage en produisent beaucoup. Sans oublier bien évidement, toutes les activités annexes induites par l’agriculture comme le transport ou la transformation. Pour ne citer qu’eux.

 Autre point plus technique mais qui à son importance : le changement d’affectation des sols. L’Ademe nous explique que : » Le Changement d’affectation des sols indirects (CASI) décrit le phénomène d’accaparement de terres jusque-là dédiées à la production de denrées alimentaires et d’aliments pour animaux pour la culture de plantes énergétiques. » Il en ressort que ces changements ne sont pas anodins. L’Ademe de rajouter qu’ »ils modifient les stocks de carbone contenus sur les sols. Il peut en résulter soit une émission de CO2. Par exemple, le retournement d’une prairie et sa substitution par une culture entraîne un déstockage du carbone des sols. » Dans la pratique, les changements indirects de l’affectation des sols détruisent des écosystèmes naturels tels que les forêts, savanes et prairies. Le déboisement et la réaffectation des sols libèrent d’énormes quantités de carbone dans l’atmosphère.

Forts de ce constat difficile, les agriculteurs se mobilisent. L’enjeux est maintenant de trouver une nouvelle agriculture compétitive et durable en réaction contre le modèle industriel qui a prédominé si longtemps. Les années à venir assisteront à la naissance de nouvelles formes d’agricultures plus respectueuses de la nature et répondant aux nouvelles contraintes écologiques. Cette agro-écologie s’appuiera sur des fondements précis comme la gestion sobre des ressources, l’adaptation au changement climatique (qualité de l’eau et de l’air, diminution des gaz à effets de serre), la sécurité alimentaire, le défi démographique et l’équilibre des territoires.

Au final, la trajectoire de l’agriculture moderne a bien changé. Le monde agricole répond aux menaces et sa feuille de route est établie :

• Gérer et préserver les ressources en eau,
• Stocker le carbone dans les sols,
• Produire des aliments qui correspondent aux attentes des consommateurs en termes de qualité et de santé,
• Favoriser la bio diversité
• Bannir les pesticides et autres produits phyto sanitaires qui font l’objet d’interdiction ou néfastes pour la santé,
• Renforcer des pratiques telles que l’agroforesterie, l’allongement des rotations, l’agriculture de conservation, la méthanisation, la production de protéines pour l’alimentation des animaux.

Il ne reste plus qu’à souhaiter maintenant que les agriculteurs puissent vivre dignement de leur travail. Ils sont essentiels à nos sociétés. Les enjeux climatiques et les défis sociétaux les poussent à des changements considérables rendant une majorité d’entre eux encore plus vulnérables et précaires qu’avant. Il serait grand temps que leur travail et leurs efforts soient reconnus à leur juste valeur et que les consommateurs aussi bien que les acheteurs les rémunèrent à hauteur de leurs engagements.