Le 29 janvier 2021, l’Assemblée a adopté en première lecture la proposition de loi sur la maltraitance animale. De nombreuses avancées notables ont vu ainsi le jour, améliorant les conditions de vie et de détention des animaux en France.
Il semblerait, toutefois, que certains secteurs soient passés à la trappe. C’est le cas des élevages intensifs. Si l’on reconnait désormais aux animaux le « droit » d’être des êtres vivants et sensibles, cochons, poules, poulets et autres volailles n’ont pas encore obtenu ce statut.
Les élevages intensifs sont toujours de mise et se portent de mieux en mieux. Certains songent même à se développer. Pourtant les conditions d’élevage et d’abattage des animaux sont toujours une honte. On est bien loin du cadre juridique instauré par la loi qui semble induire une gradation dans la dignité et la souffrance. Si un chiot ne peut plus être exposé en vitrine, le poulet, lui, peut continuer à souffrir en silence.
L'association de défense des animaux L214 en a montré un nouvel exemple dans un reportage diffusé il y a quelques jours. Les membres de l'association ont amené leurs caméras dans un élevage industriel de poulets du Pas-de-Calais où l’on découvre un triste spectacle d’animaux entassés et mal en point ; « des poulets morts gisant au milieu d'animaux vivants, des bêtes boitant fortement ou encore des poulets dont le corps semble démesurément gros par rapport à leur tête. »
L’éleveur a déposé une demande d’extension du site. Le projet est de tripler la surface de production pour passer de 150 000 à 860 000 animaux par an. L214 dénonce dans cette possible extension «un projet démesuré, un calvaire pour les animaux, et une aberration économique».
Un premier avis favorable au projet a été donné le 30 mars par le commissaire enquêteur tandis que le conseil municipal s’y oppose arguant du fait que l’extension engendrera de fortes nuisances sonores et olfactives ainsi que l'augmentation du passage des camions. La souffrance des animaux de cet élevage ne faisant manifestement pas partie du registre des nuisances.
Au final, c’est la préfecture qui tranchera en fin de premier semestre 2021. A noter que fin mars, dans le département voisin du Nord, elle a autorisé un projet d'élevage intensif de 117.600 poulets à Steenwerck. Un avis favorable donné en dépit d’un refus émis par la localité et la commissaire chargée de l'enquête publique.
Ce nouveau reportage est l’occasion de mettre, à nouveau, en lumière l’association L214 qui se bat au quotidien pour faire évoluer la condition animale. Fondée en 2008, l’association antispéciste se veut un lanceur d’alerte au moyen de reportages et témoignages chocs filmés. Ils dénoncent régulièrement les conditions de vie des animaux dans les élevages, mais aussi durant leurs transport et abattage. Ils ont permis de mettre fin à des situations absolument inacceptables inconnues du grand public.
Forts de leur notoriété grandissante, les membres de l’association en appellent régulièrement aux pouvoirs publics afin de légiférer et de durcir le cadre de la loi. C’est ce qu’ils ont fait s’agissant de ce nouveau cas d’élevage intensif. En effet, en janvier dernier, l’association a appelé, dans une lettre ouverte, le Président Macron à élaborer «un plan de sortie de l'élevage intensif, potentiellement à l’origine de maladies dévastatrices.. Une telle initiative viserait à suspendre immédiatement la construction ou l'extension des élevages intensifs et industriels qui confinent les animaux dans des bâtiments fermés, dans des cages, les forçant à vivre dans des conditions de promiscuité extrêmes».
Publié le 07/04/2021 11:57
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