En collaboration avec la présidence Français du Conseil de l’UE, l’Eurogroupe pour les animaux, ainsi que les membres de la Fondation Brigitte Bardot, Welfarm et Compassion in World Farming, ont organisé hier l’événement Animal Welfare and International Trade: Looking into the Mirror.
La conférence visait à discuter de la dimension commerciale de la révision de la législation européenne sur le bien-être animal et à montrer comment l’approche adoptée dans les « mesures miroirs », l’une des priorités de la présidence Français du Conseil, peut injecter plus de cohérence entre la politique commerciale de l’UE et le Pacte vert, en particulier en ce qui concerne le bien-être animal et la stratégie « De la ferme à la table ».
« Le bien-être animal n’est pas correctement pris en compte dans le cadre du droit commercial, pourtant, c’est un domaine crucial lorsque nous discutons de réciprocité », a déclaré le ministre Français de l’Agriculture et de l’Alimentation Julien Denormandie dans son discours d’introduction. « Pour la fin de 2023, nous attendons une proposition législative sur le bien-être animal dans le contexte de la stratégie Farm to Fork, et je crois qu’il est essentiel qu’elle inclue une composante de réciprocité », a-t-il ajouté.
« Tout en faisant face à d’énormes défis mondiaux, l’UE peut ouvrir la voie à un système alimentaire et à une politique commerciale véritablement durables et humains. Nous pensons que les clauses miroirs représentent un très bon mécanisme pour soutenir cette transition. Si l’UE veut devenir un producteur véritablement durable et vivre sa réputation de leader en matière de bien-être animal, il est de la plus haute importance de réviser l’acquis en matière de bien-être animal et cela ne peut se faire que si nos normes s’appliquent également aux produits importés. Le concept de clauses miroirs s’inscrit parfaitement dans ce contexte et nous remercions le gouvernement Français d’avoir été si persévérant », a ajouté Reineke Hameleers, PDG d’Eurogroupe pour les animaux.
Après que Philip Lymbery, PDG de Compassion in World Farming, a clôturé les remarques liminaires, trois intervenants ont préparé le terrain pour les discussions: Stéphanie Ghislain, Eurogroupe pour les animaux, a ouvert le bal des les interconnexions entre le commerce international et le bien-être des animaux; Lucie Carrouée de la DG SANTE a développé les discussions autour de la dimension commerciale dans la révision actuelle de la législation européenne sur le bien-être animal; et enfin, Clémentine Baldon, avocate au Barreau de Paris, a fait valoir que, d’un point de vue juridique, imposer de nouvelles normes de bien-être animal aux importations pourrait être compatible avec les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Lors de la table ronde,
Marie-Pierre Vedrenne, eurodéputée, vice-présidente de la commission INTA du Parlement européen, a soutenu l’idée : « La réciprocité est un sujet essentiel, en ligne avec les demandes fortes et nécessaires de la société civile, mais aussi des agriculteurs, car elle s’inscrit dans un objectif de cohérence entre les politiques publiques. » Elle a également souligné à juste titre le défi clé de la mise en œuvre de telles règles, « Une question qui nous occupera est la mise en œuvre de cet objectif de réciprocité », confirmant qu’il s’agira d’un sujet important pour le Parlement européen.
« Les consommateurs sont en faveur du commerce international tant qu’il n’y a pas de nivellement par le bas en termes de réglementation, et ils ne peuvent pas imaginer que les produits importés ne respectent pas les règles appliquées dans l’UE. 93% des citoyens de l’UE exigent que la politique commerciale reflète les normes européennes, y compris en matière de bien-être animal », a expliqué Monique Goyens, PDG du BEUC.
« Les règles de l’OMC peuvent être un obstacle, mais ce n’est pas impossible. Nous avons une jurisprudence très claire à ce sujet et sur les conditions à remplir. Lorsqu’il y a une préoccupation morale, nous pouvons bien sûr légiférer et nous le ferons dans un certain nombre de domaines », a indiqué Iciar Chavarri-Ureta, chef adjoint de l’unité Agriculture, alimentation et sanitaires et phytosanitaires de la DG Commerce.
L’événement a également été l’occasion de lancer le nouveau rapport Bye Bye cages sur la légalité d’une interdiction européenne des ventes de viande et d’œufs produits à partir d’animaux en cage, y compris les aliments importés.
Publié le 16/03/2022 09:38
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