Dans notre article du jeudi 18 mars 2021, nous mettions en avant la finance verte. On louait les initiatives des investisseurs à rediriger leur financements vers les activités écoresponsables. Cet élan mondial à participer à la transition écologique aux travers de milliards investis ne peut que susciter l’adhésion de tous.
Mais voila que tout à notre joie et satisfaction, nous sommes rattrapés par le spectre de la fameuse schizophrénie.
Alors que l’ensemble du secteur bancaire mondial peaufine son mix marketing en martelant dans sa communication ses placements verts et en mettant en avant des réallocations d’actifs vertueuses, plusieurs ONG dévoilent que les banques n’ont jamais cessé de financer les acteurs du secteur des énergies fossiles, parmi lesquels figurent les majors pétrolières. Pire que cela, il apparait que leurs investissemnts ont augmenté fortement depuis l’Accord de Paris. Une récente étude fait apparaitre que les financements accordés aux producteurs d'énergies fossiles par les grandes banques mondiales ont augmenté de près de 5,9% entre 2016 et 2020 .Ce ne sont pas moins de 3 805 milliards de dollars qui ont été accordés à des producteurs d’énergies fossiles en l’espace de cinq ans.
Tous les pays sont concernés. La palme est décrochée par les Etats-Unis avec JP Morgan, Citi, Wells Fargo et Bank of America. La politique menée par l’ancien président des Etats Unis, Donald Trump, ainsi que sa décision de sortir de l’Accord de Paris y sont certainement pour beaucoup.
L’Europe n’est pas en reste, et notamment la France. La même étude montre que les établissements bancaires français ont accentué leurs financements dans l’industrie fossile de 19% par an en moyenne entre 2016 et 2020.
En première position, nous trouvons BNP Paribas qui a augmenté ses engagements de 41% sur un an, devenant ainsi le plus grand financeur européen de l'industrie des énergies fossiles et le quatrième mondial. Juste derrière arrivent Société Générale et Crédit Agricole avec respectivement 29,7% et 65,9% entre 2019 et 2020.
Au final, la prudence reste plus que jamais de mise. Bien qu’ayant une dimension sociale, les banques ne sont pas des établissements philanthropiques. Ce sont des entreprises commerciales qui cherchent le profit. Elles se diversifient dans le développement durable car les marchés et les rendements seront prometteurs à terme mais tant qu’il y aura de l’argent à gagner dans l’énergie fossile, il serait par trop naîf de s’imaginer une banque lutter contre sa nature et renoncer à du rendement. Le vertueux et le profit ne marchent pas encore sur le même trottoir.
Ah, avidité quand tu nous tiens.
Publié le 25/03/2021 12:18
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