La Chine traverse, depuis plusieurs mois, une crise énergétique d’envergure alimentée par une forte reprise économique mondiale. A tel point que les autorités, dans plus d’une douzaine de provinces et de régions, ont été contraintes de procéder à de fréquentes coupures d’électricité et d’imposer des restrictions sur la consommation d’énergie. Ces restrictions arrivent à un moment où l’industrie chinoise doit tourner à plein régime pour répondre à une demande qui est désormais au moins aussi forte qu’avant la pandémie. La pénurie d’électricité met à mal un certain nombre de secteurs, comme le textile qui accuse déjà des retards de production, entraîne des fermetures totales ou partielles d’usines, et affecte la production et les chaînes d’approvisionnement mondiales. Autant de raisons qui ont conduit plusieurs banques internationales à abaisser, dans la semaine, leurs prévisions de croissance annuelle du PIB chinois, à l’image de Goldman Sachs.
Le président chinois se retrouve dans une situation bien compliquée avec l’obligation de faire un choix cornélien. D’un coté, donner à son pays tous les moyens d’accompagner la croissance économique et de l’autre, respecter ses engagements faits à la communauté internationale de maitriser son empreinte carbone. Engagements qui lui ont valu un certain regard bienveillant des pays étrangers en promettant que son pays atteindrait le pic de ses émissions de CO² avant 2030 et la neutralité carbone d'ici 2060.
Mais les voix de la production à tout crin et de la consommation ayant été, une nouvelle fois, les plus fortes, Pekin a fait son choix. Les autorités ont demandé à 72 mines de charbon d'augmenter leur production. . Les mines situées en Mongolie intérieure ont reçu une note officielle ordonnant une hausse de la production de prés de 100 millions de tonnes. Dans un pays, faut il le rappeler, qui figure parmi les plus gros pollueurs de la planète et qui reste fortement dépendant du charbon pour produire son électricité. En effet, le charbon représente plus de la moitié du mix énergétique chinois. Sa production s’est établie à 3,9 milliards de tonnes l'année dernière et devrait augmenter en 2021.
La Mongolie intérieure est la deuxième plus grande région chinoise en matière de production de charbon. Elle a produit un peu plus d’un milliard de tonnes en 2020, ce qui représente plus d’un quart du total national. La grande majorité des sites exploités sont des mines à ciel ouvert. L’augmentation proposée représenterait près de 3 % de la consommation totale de charbon thermique de la Chine. Selon une note en date du 7 octobre, le département régional de l’énergie de la Mongolie intérieure a demandé aux villes de Wuhai, Ordos et Hulunbuir, ainsi qu’à la Xilingol League, d’informer 72 mines qu’elles peuvent fonctionner immédiatement à des capacités plus élevées, à condition qu’elles assurent une production sûre.
Les 72 mines répertoriées par le bureau de l’énergie de la Mongolie intérieure avaient, auparavant, une capacité annuelle autorisée de 178,45 millions de tonnes. D’après les calculs de Reuters, la capacité de production des diverses mines de charbon concernées devrait être poussée pour atteindre un total de 98,35 millions de tonnes combinées supplémentaires. “Cela aidera à atténuer la pénurie de charbon mais ne peut pas éliminer le problème”, a déclaré Lara Dong, directrice principale chez IHS Markit. “Le gouvernement devra toujours appliquer un rationnement de l’électricité pour assurer l’équilibre des marchés du charbon et de l’électricité au cours de l’hiver”, a-t-elle rajouté. Par ailleurs, afin d’assurer l’approvisionnement en électricité et en chauffage des utilisateurs résidentiels, la Chine a rouvert des dizaines d’autres mines et en a approuvé plusieurs nouvelles.
Tout ceci se produit dans un contexte déjà compliqué d’envolée des prix du charbon, de contrôle des prix de l’électricité par l’État, des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de l’annonce de la part des autorités chinoises de ne plus financer de centrales à charbon à l’étranger. Même les quelques centaines de tonnes de charbon importées à contre cœur d’Australie sur fond de tensions diplomatiques et commerciales, n’y auront pas suffit.
A moins de deux mois de la COP 26 où chaque pays devra faire montre de tous les efforts possibles, et bien plus encore, dans sa lutte contre le réchauffement climatique, la Chine se retrouve dans une position bien délicate.
Cette exhortation a encore plus de production de charbon laisse, en tous cas, un gout bien amer et donne à penser que nous sommes très loin d’être sortis d’affaire. A moins que le réel problème ne se situe pas la. Mais plutôt à l’autre bout du spectre. A savoir la consommation.
Encore et toujours la consommation.
Publié le 09/10/2021 17:42
Commentaires