Assisterons nous bientôt à la fin des moteurs thermiques ? Le débat fait rage.
Le sort du moteur thermique est scellé depuis quelque temps déjà. La date à laquelle il sera interdit de vendre des voitures thermiques a été fixé à 2040 en France. Mais compte tenu des nouveaux objectifs plus ambitieux de réduction des émissions de CO² au niveau européen, il se pourrait que cette date soit avancée à 2035 dans toute la communauté européenne. La décision devrait être connue le 14 juillet prochain.
Dans le cadre de son programme baptisé « Green Deal » qui vise à réduire les émissions de CO² de 55% en 2030 et à atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050, l’Union Européenne accélère la cadence afin de bannir définitivement les moteurs neufs essence et diesel du paysage automobile européen. En attendant, elle prépare la nouvelle norme euro 7 qui, aux dires des constructeurs, affiche des exigences tellement strictes qu’il leur est quasiment impossible de fabriquer des voitures neuves à des prix raisonnables. Le but affiché est bien d’amorcer un virage serré vers l’electrique et ce, le plus rapidement possible. En fait, il semblerait que seul le 100 % électrique semble en mesure de diminuer les émissions de CO² efficacement. Même l’hybride et l’hybride rechargeable pourraient ne pas y parvenir. Dans ces conditions, les axes de développement pour les constructeurs sont plutôt limités et évidents. A côté du leader de ce segment de marché Tesla, l’ensemble des constructeurs développent désormais leurs gammes autour du tout électrique. Par exemple, BMW ne vendra plus du tout de thermique pour sa gamme Mini en 2030. A cette date, Volvo ne vendra que des voitures 100% électriques. Chez Volkswagen, qui représente un tiers du marché européen, on a décidé d’électrifier 60% des véhicules qui seront vendus à la fin de la décennie. Renault a annoncé qu’en 2025, un tiers de ses modèles seront 100% électriques et un autre tiers hybrides.
Ces annonces de Bruxelles ne sont pas sans poser des problèmes. En effet, avancer de 5 ans la date, contraint à des efforts d’adaptation compliqués et peuvent entrainer une casse sociale importante. 2035 divise l’industrie automobile européenne en deux camps : ceux qui n’ont pas de constructeurs automobiles comme le Danemark, les Pays-Bas, l’Irlande, le Royaume-Uni à l'extérieur des 27 et qui seraient même prèts à accepter une date encore plus proche, et les autres comme la France ou l’Allemagne qui doivent composer avec leurs constructeurs.
Le débat à venir dépasse donc le simple cadre environnemental. L’électrique exige une approche globale à laquelle il convient d’intégrer une dimension socio-économique cruciale.
Par ailleurs, si vouloir se défaire le plus tôt possible du thermique va dans la bonne direction climatique, les années à venir ne seront pas de trop pour apporter des réponses efficaces aux questions essentielles que soulève le tout électrique : comment rendre bien plus abordable des véhicules qui restent très chers ? Que vont devenir tous les véhicules d’occasion essence et diesel – qui représentent la majorité du parc automobile – toujours en circulation à cette date ? Comment sera produite l’électricité qui va accompagner l’évolution du secteur lorsque l’on sait que nombre de pays utilisent toujours leurs centrales à charbon faute d’alternatives ? Sans parler évidement de toute l’infrastructure autour du véhicule électrique qui est loin d’être à la hauteur à l’heure actuelle. On pense notamment au nombre de bornes de recharges qu’il va falloir augmenter de façon très significative dans toute l’Europe. De quelles façons, tous ces coûts de développement seront t-ils absorbés et répercutés ? Autant de questions auxquelles les pouvoirs publics devront répondre en priorité avant de se demander entre 2035 ou 2040, quelle est la meilleure année.
Publié le 18/06/2021 11:31
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